Le 11 novembre dernier, la Présidence gabonaise affirmait qu’Ali Bongo allait « extrêmement mieux ». Au point où celui-ci continuait « d’exercer ses fonctions » même sur son lit d’hôpital, concluait le communiqué. Des affirmations balayées d’un revers de la main par la décision de la Cour constitutionnelle rendue hier. En effet, les membres de la très décriée Cour constitutionnelle ont décidé de confier le gouvernail du prochain conseil des ministres au vice-président. Une preuve légale qu’Ali Bongo n’exerce toujours pas ses « fonctions ».
La communication présidentielle vient de se prendre une balle dans l’aile. Ike Ngouoni, son porte-parole, en tête. Depuis le début du malaise d’Ali Bongo, la présidence s’est toujours voulue rassurante, évoquant tour à tour une fatigue passagère puis une fatigue sévère et maintenant un saignement qui seraient à l’origine de l’hospitalisation d’Ali Bongo dans un bloc opératoire « hautement spécialisé » de l’hôpital King Faisal de Riyad.
Avec la décision rendue publique hier par la Cour constitutionnelle attribuant exceptionnellement le droit au vice-président de présider un conseil des ministres, c’est tout l’échafaudage de crise de la communication présidentielle qui en prend pour son grade. Car comment comprendre qu’avec un « président qui exerce normalement ses fonctions », le gouvernement gabonais en soit réduit à demander l’intervention de la Cour constitutionnelle pour interpréter les articles 13 et 16 de la Constitution ?
Si Ali Bongo exerçait bien encore « ses fonctions », c’est bien lui qui aurait délivré cette autorisation exceptionnelle accordée à son vice-président Pierre-Claver Maganga Moussavou. Au lieu de cet état de fait, c’est le Premier ministre Emmanuel Issoze Ngondet qui a dû saisir la Cour pour implorer son aide. A moins bien entendu que la Cour constitutionnelle et sa présidente se soient adjugé le devoir de prendre les décisions à la place de celui qui a été dit élu par les populations gabonaises, au suffrage universel.
Cette décision des 9 juges bien qu’étonnante et qualifiée d’anticonstitutionnelle, montre bien que le péril de nos institutions consécutif à l’hospitalisation prolongée d’Ali Bongo va aller crescendo au fil des jours. La Présidence de la république qui a évoqué un bulletin de santé des médecins saoudiens, ne semble pas avoir convaincu ni le Premier ministre, ni le vice-président encore moins la belle-mère d’Ali Bongo, par ailleurs présidente de ladite Cour constitutionnelle depuis 2011.
Avec info241