Emmanuel Macron est arrivé jeudi au Maroc pour inaugurer avec le roi Mohammed VI la ligne à grande vitesse Tanger- Casablanca.
Le président français Emmanuel Macron est arrivé jeudi au Maroc pour inaugurer avec le roi Mohammed VI la ligne à grande vitesse Tanger- Casablanca, présentée comme “la plus rapide d’Afrique” et un symbole de la “profondeur” du partenariat entre Paris et Rabat. Une grande cérémonie entourée par des mesures de sécurité maximales, comme pour tous les événements royaux, a été organisée dans l’immense gare rénovée de Tanger, grand hub maritime entre l’Afrique et l’Europe, avant le départ du convoi officiel jusqu’à Rabat, la capitale administrative.
Des billets de train ont été remis aux deux chefs d’Etat. Le train qui va les amener à Rabat doit circuler à 320 km/heure sur les 180 km du tronçon à grande vitesse, avant de rallier à 160 km/h la nouvelle gare de Rabat-Agdal, selon les informations obtenues par l’AFP auprès de l’équipe technique. Emmanuel Macron doit quitter le royaume en fin de journée au terme de cette courte visite de travail qui, selon l’agence officielle MAP, “reflète la profondeur des relations bilatérales fondées sur un partenariat solide et fort” entre les deux pays.
Tanger-Casablanca en 2h10 au lieu de 4h45
Considérée comme une vitrine de la modernisation du royaume et du savoir-faire des entreprises françaises, la ligne Tanger-Casablanca, d’une longueur totale de 350 km, reliera les deux régions les plus dynamiques du royaume en 2h10 au lieu de 4h45 actuellement.
L’inauguration officielle a perturbé la circulation des trains sur le réseau classique, selon des informations publiées par la presse locale et sur les réseaux sociaux, en l’absence de toute communication officielle sur le sujet. Les premiers billets pour le grand public doivent être mis en vente après l’inauguration officielle, et la ligne sera ouverte aux voyageurs ordinaires d’ici la fin du mois, selon les informations obtenues par l’AFP.
“Projet phare de la relation bilatérale”, la LGV est vue par les Français comme une vitrine pour tenter d’obtenir d’autres contrats en Afrique, qui offre de “nombreuses opportunités” dans le secteur ferroviaire. Le Maroc, lui, s’emploie à se positionner comme un “hub africain” pour les investisseurs étrangers. “On a voulu faire de ce projet une vitrine de la modernisation du pays: c’est donc un challenge qu’il va falloir et savoir relever”, relève le quotidien “Les Echos” dans un éditorial.
La France reste le premier partenaire économique du Maroc mais a vu l’Espagne lui ravir en 2014 la première place pour les échanges commerciaux. Le commerce bilatéral entre les deux pays a enregistré une croissance moyenne de 5,8% par an, passant de 79,9 à 109,3 milliards de dirhams (7,4 à 10,3 milliards EUR) entre 2010 et 2017, selon des chiffres publiés jeudi par le ministère marocain de l’Economie.
Un projet qui a suscité des critiques
Emmanuel Macron est accompagné des patrons des entreprises françaises ayant participé au projet: Alstom (fourniture des rames), le consortium Ansaldo-Ineo (signalisation et télécoms), Cegelec (sous-stations électriques) et le consortium Colas Rail-Egis Rail (voies et caténaires). La SNCF assure l’assistance à maîtrise d’ouvrage auprès de l’Office National des Chemins de Fer marocains (ONCF).
Des centaines d’ouvriers se sont affairés jusqu’à la dernière minute pour terminer le chantier qui avait été lancé en septembre 2011 par le président de l’époque, Nicolas Sarkozy, et avait reçu la visite en septembre 2015 de François Hollande.
L’ONCF table sur six millions de passagers après trois ans d’exploitation. Le coût de la LGV, financé à 50% par la France via différents prêts, s’élève à environ 23 milliards de dirhams (deux milliards d’euros), soit près de 15% de plus que les estimations initiales, mais très en deçà des coûts moyens européens, selon le ministère marocain des Transports. Depuis son lancement, le projet a suscité des critiques, les usagers se plaignant régulièrement de l’état du réseau et des retards de train, deux points épinglés dans le dernier rapport de la cour de compte marocaine. Le débat a été relancé mi-octobre avec le déraillement d’un train-navette qui a fait 7 morts et 125 blessés à Kénitra (ouest), sur l’axe Tanger-Casablanca.
Emmanuel Macron est aussi accompagné des ministres des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian et de l’Intérieur Christophe Castaner, alors que les flux migratoires devraient être abordés au cours des discussions. Le Maroc est devenu ces derniers mois l’une des plus importantes route vers l’Europe. Entre janvier et fin septembre, 68.000 tentatives d’immigration clandestine ont été stoppées et 122 “réseaux criminels actifs” démantelés, selon les autorités marocaines. Face à cette “pression”, Rabat a appelé ses partenaires européens “à s’associer à ses efforts de lutte contre les réseaux de trafic” en Méditerranée.
Avec parismatch