Multiplication des violences à l’égard des Subsahariens, influence de la diaspora, échanges commerciaux… Sur toutes ces questions, Ajay Dubey (55 ans), conseille régulièrement son gouvernement.
Professeur au Centre d’études africaines de la prestigieuse Jawaharlal Nehru University, à New Delhi, il a publié de nombreux travaux sur les relations Inde-Afrique.
Jeune Afrique: Les attaques contre les Africains se multiplient. En mai, à New Delhi, un professeur congolais a été lapidé à mort en pleine rue. Pourquoi tant de haine ?
Ajay Dubey : Il y a eu en effet d’innombrables actes de violence, notamment à Delhi et à Bangalore. En Inde, on préfère les peaux claires. Même les Indiens du Sud, à la carnation plus sombre, sont en butte à des discriminations de la part de leurs compatriotes du Nord.
Des entreprises de cosmétiques font la promotion de produits qui blanchissent la peau. Et puis, influencés par les médias, les Indiens ont souvent une image réductrice de l’Afrique. Ils pensent que tous les Africains sont nigérians et qu’ils trempent dans des affaires de drogue, de prostitution ou d’immigration illégale !
La loi qui sanctionne les discriminations fondées sur l’appartenance à une caste devrait être étendue à celles liées à la couleur de peau
Que faire ?
D’abord, les médias doivent expliquer au grand public que l’Afrique est d’une importance stratégique pour l’Inde et que la présence d’étudiants africains vise à favoriser les relations diplomatiques et économiques. Ensuite, la loi qui sanctionne les discriminations fondées sur l’appartenance à une caste devrait être étendue à celles liées à la couleur de peau.
Le nombre d’étudiants africains augmente-t‑il ?
Ils sont 25 000 à 30 000, pour la plupart subsahariens, contre 15 000 il y a quelques années. Et l’objectif est d’accroître leur présence. En 2011, lors du deuxième sommet Inde-Afrique, il a été décidé de créer une cyber-université pour eux, avec 10 000 bourses à la clé.
avec jeuneafrique