A un mois et demi de la prise de fonction du nouveau Congrès, Donald Trump semble déterminé à obtenir les financements pour la construction du mur à la frontière mexicaine. Le budget fédéral pourrait être l’otage de cette bataille parlementaire.
Après la frénésie des élections de mi-mandat, les parlementaires américains sont retournés dès le 13 novembre au Congrès pour une âpre bataille parlementaire qui devrait se dérouler autour de la question du financement du mur à la frontière mexicaine. Les démocrates ont déjà dit à plusieurs reprises qu’ils jugeaient ces dépenses inutiles, mais ont fini par céder en partie en acceptant un financement de 1,6 milliard de dollars, lors de la dernière loi de financement partiel adoptée en septembre.
C’est insuffisant pour Donald Trump qui ne parle plus de faire payer ce mur par le Mexique et estime les besoins de financement à 5 milliards de dollars. Ayant sa réélection en 2020 en vue, le président veut absolument être en mesure de tenir cette promesse de campagne avant que les nouveaux élus ne prennent leur fonction le 3 janvier prochain.
Or, une loi partielle de financement doit être impérativement adoptée d’ici la date butoir du 7 décembre et pourrait être l’otage des tractations sur le financement du mur. Si elle n’est pas adoptée le gouvernement sera obligé de pratiquer un shutdown partiel, c’est-à-dire une fermeture de certaines administrations.
Aucun des deux partis ne disposant de la majorité des trois cinquièmes au Sénat nécessaire pour voter les mesures budgétaires, un compromis est indispensable. Mais les négociations s’annoncent difficiles.
Traditionnellement, le parti qui se sent en difficulté à la veille d’élections y regarde à deux fois avant d’assumer politiquement un blocage qui entraîne des pertes de salaire pour les agents contractuels des administrations et ternit l’image internationale des Etats-Unis. De plus, cette question est traditionnellement plus sensible pour l’électorat démocrate que pour celui acquis aux républicains.
Mais les élections étant passées, et partiellement remportées par les démocrates, ces derniers pourraient être d’autant moins enclins à accepter des compromis que la campagne pour les élections de mi-mandat a été particulièrement brutale. Donald Trump, soutenu par sa majorité n’a par exemple pas hésité à accuser les démocrates de soutenir, via leurs positions de principe sur l’immigration, des groupes criminels venus d’Amérique latine ou centrale.
Au lendemain des élections de mi-mandat, le 12 novembre, le sénateur démocrate du Vermont, Patrick Leahy a annoncé la couleur lors d’une conférence téléphonique largement citée par la presse aux Etats-Unis en déclarant : «Si c’est le mur ou rien, alors ce sera rien.»
Cette incertitude a pour contexte des tensions de plus en plus fortes sur la fabuleuse dette américaine de plus de 21 000 milliards de dollars qui représente 106% du produit intérieur brut avec un déficit budgétaire de 4% du PIB. En effet, alors que la dette américaine est toujours notée très favorablement par les grandes agences de notations Standard & Poors et Moodys, les obligations américaines à 10 ans présentent aujourd’hui des rendements qui dépassent 3% et se rapprochent de ceux de la dette italienne.
Avec rtfrance