JAUVERT CONFIDENTIEL. Alors que Poutine et Trump célèbrent à Paris l’armistice de 1918, voici les extraits les plus significatifs des dizaines de discussions entre leurs prédécesseurs, Bill Clinton et Boris Eltsine, que les Etats-Unis viennent de déclassifier.
C’est le compte-rendu d’une amitié de six ans qui a façonné l’Histoire contemporaine. Une drôle d’amitié entre les deux chefs d’Etat les plus puissants du moment, capables chacun de détruire plusieurs fois la planète. Deux hommes d’âge et de culture différents – un baby boomer occidental et un sexagénaire soviétique alcoolique – qui, grâce à des compromis secrets, ont mis un terme définitif à la Guerre froide. Du moins le croyaient-ils.
Le gouvernement des Etats-Unis vient de déclassifier les dizaines de discussions, par téléphone et en tête à tête, entre Bill Clinton et Boris Eltsine, de l’installation du premier à la Maison-Blanche en janvier 1993 à la démission du second en décembre 1999. Tantôt triviaux tantôt visionnaires, les échanges entre les présidents américain et russe sont fascinants. Il y est question de valise nucléaire, de magouilles électorales, d’Iran, d’élargissement de l’Otan et de Vladimir Poutine, que Boris Eltsine s’est choisi comme successeur sans se douter que, vingt ans plus tard, il gouvernerait toujours la Russie.
Commençons par la fin, leur dernier entretien, le 19 novembre 1999 à Istanbul. Malade, poursuivi dans de multiples enquêtes pour détournement de fonds publics, Boris Eltsine sait qu’il va bientôt céder le pouvoir à Vladimir Poutine. …