A la suite de la décision du président de la République d’ordonner l’arrêt de toute procédure contre elle, la journaliste d’Equinoxe TV, précédemment tombée sous les rigueurs de la loi, est à nouveau libre depuis samedi soir.
Hosanna au plus haut des cieux ! Et si le signe était la chose, en orfèvre des symboles d’essence démocratique sur le sens de l’Histoire qui se fait sous nos yeux, et sublime seigneur, Paul Biya dessine là le cap de ce qui sera, probablement, la première grande opportunité du septennat naissant, sous la forme d’une plus grande humanisation de l’Etat.
Depuis, la bourse nationale des valeurs de la liberté s’est singulièrement emballée qui affichera bientôt son taux directeur ou sa valeur de référence. En attendant, tous, journalistes, avocats, entrepreneurs politiques et activistes sociaux en tout genre se bousculent aux portillons pour entonner la gloria des nobles causes abouties. Une brise fraiche traverse le microcosme et l’on se congratule.
Finalement, cette affaire est de celles qui ont le don de rendre le Cameroun lisible et explicable. Femme, anglophone, journaliste, mais coupable d’excès d’opinion dans les nouveaux médias, alors que se tient, simultanément, un séminaire pour réconcilier le journalisme traditionnel avec l’hydre des réseaux sociaux, Paul Biya, le candidat du tweet, devenu président du « aidez-moi », lui qui dénonce les followers passifs, mais qui n’a eu aucune hésitation à diffuser le contentieux de la dernière présidentielle en mondovision, ce Paul Biya là est un homme neuf dont le renouvellement renvoie aux fondements du Renouveau. Rigueur et Moralisation ne riment-ils pas avec humanisation ? L’occasion était belle et il l’a saisie, pour planter le cadre idéal du nouveau pacte républicain pour l’émergence. Quelqu’un faisait remarquer récemment qu’un septennat se devait de s’ouvrir sur un acte d’éclat qui irradie la période en vue.
Si nul ne peut dire à quoi il pensait exactement, nous avons néanmoins là, sous nos yeux, un fait fondateur de compréhension et d’humanisation politique, sans ouvrir sur une foire aux complaisances. Par ce fait présidentiel, la femme camerounaise, celle du foyer, du champ ou du bureau sait déjà qu’elle a sur qui compter dans les jours prochains, et peu importe la saison et les vents contraires. Poursuivie dans le cadre d’un acte d’expression privée, la libération de la journaliste annonce, surtout, pour tous, anglophones et francophones, l’aurore d’une période de renforcement de toutes les libertés, notamment en matière d’expression, sans préjudice, bien entendu, du nécessaire respect des lois. Reste à espérer que chacun travaille à bien s’approprier le jeu et les enjeux, pour éviter à l’avenir ces inutiles méprises qui pourraient se révéler contre productives.
A la vérité, et il convient d’en convenir, le droit des journalistes à la libre expression n’est pas négociable. Toutefois, ce droit cohabite avec d’autres, dont certains lui sont supérieurs, tels, le droit à la vie, à la santé, à l’éducation, à la sécurité collective, à l’alimentation… Il serait donc hasardeux de considérer que le journaliste est le point d’aboutissement et d’accomplissement maximal de tous les droits dans le cadre de son métier.
Erreur ! Dans aucun pays du monde, les questions de sécurité collective ne sont de l’ordre de la libre opinion. De même, il convient, dès à présent, de mettre une démarcation nette entre journalisme et militantisme.
Paul Biya qui dit « aidez-moi » a fait sa part aujourd’hui, en libérant la journaliste. Ce sera encore son droit et son devoir demain de laisser la justice faire tout son travail. A chacun, dès à présent, de choisir le type d’aide à apporter à Paul Biya. Aide à l’humanisation de l’Etat ou au raidissement général. Dans un cas comme dans l’autre, ce sera à la qualité de notre aide de consolider les opportunités promises, dans le cadre bien pensé d’une nouvelle écologie de la vertu.
Avec camerounweb