Quelques heures après la sortie de Mimi Mefo Takembou, le colonel Didier Badjeck, chef de la cellule communication au ministère de la Défense a expliqué qu’il s’agit d’une décision prise par le chef des armées dans le but d’apaiser les tensions.
Tout est bien qui finit bien, pourrait-on conclure dans le cadre de l’affaire Mimi Mefo Takembou. Depuis le samedi 10 novembre, la journaliste en service à Equinoxe TV respire en effet l’air de la liberté. Après trois jours passés derrière les barreaux de la prison centrale de New Bell à Douala, celle qui était accusée de « propagation de fausses nouvelles, de nouvelles mensongères susceptibles de nuire aux autorités publiques ou à la cohésion nationale, d’outrage aux corps constitués et aux fonctionnaires, incitation à la révolte contre le gouvernement et les institutions de la République », est libre et pourrait définitivement être hors de toutes poursuites judiciaires. Une décision qu’elle doit au président de la République, qui n’a ménagé aucun effort pour apaiser les tensions et mettre un terme à la mobilisation des syndicats, des avocats et de nombreux Camerounais.
Quelques heures après la sortie du rédacteur en chef adjoint de cette chaine de télévision privée, le chef de la division de la communication au ministère de la Défense a expliqué les motifs et raisons de cette fin heureuse. « C’est le chef de l’Etat qui, personnellement, a décidé de l’arrêt des poursuites, dans un geste de magnanimité. Cela ne veut pas dire, loin s’en faut, que cette journaliste est innocente.
Elle devrait par conséquent y tirer tous les enseignements en se gardant de toute récidive … », a rappelé le colonel Didier Badjeck. La journaliste avait relayé les propos d’une source affirmant que le missionnaire américain Charles Wesco, décédé le 30 octobre au cours d’un accrochage entre séparatistes anglophones et forces de sécurité camerounaises dans le Nord-ouest, aurait été tué par des balles de l’armée régulière.
Malgré tout, la journaliste Mimi Mefo comparaîtra ce 12 novembre devant le Tribunal militaire de Douala pour atteinte à la sûreté de l’Etat. Pourtant, selon le colonel Didier Badjeck, « le pasteur Charles Truman Wesco est mort suite aux blessures occasionnées par des sécessionnistes embusqués au carrefour Four conners à Bambui ». En effet, depuis l’incarcération de cette journaliste, il y a eu une vague de mobilisation venant pour la plupart des confrères, réclamant sa libération.
La décision, du chef de l’Etat vient ainsi mettre un terme aux revendications et annuler les activités prévues à savoir, boycott, meeting et marche par les syndicats des journalistes, les partis politiques dans les jours à venir. Plus loin du Cameroun, en 2012, le porte-parole informel du Collectif Anonymous, le journaliste Barrett Brown a été poursuivi pour avoir posté des liens contenant des informations appartenant à la société de renseignement privée américaine « Stratfor Global Intelligence ». Après le geste de magnanimité du chef de l’Etat en faveur du journaliste Mimi Mefo, les professionnels du métier devraient en tirer tous les enseignements pour ne plus tomber dans les mêmes travers de nature à ternir l’image de l’armée nationale.
« Revenant sur cette décision qui est comprise comme un geste d’apaisement au lendemain de la prestation de serment du chef de l’Etat, il faut souligner que ce geste ne doit pas être compris comme une exemption du respect des lois de la République », note le colonel Didier Badjeck.
Source: L’Essentiel No 217