Le 12e Congrès national des femmes de Chine est composé de déléguées de plus de 20 secteurs. Elles ont notamment pris part à des discussions sur l’édification d’une société modérément prospère à tous égards. Mais si l’autonomisation des Chinoises a entraîné une augmentation du nombre de celles-ci sur le marché du travail, les experts estiment toutefois qu’il reste encore beaucoup à faire.
Ainsi de Gao Aimin, conductrice chez Didi, qui s’est retrouvée dans une petite minorité au sein d’une profession essentiellement masculine. En effet, selon les statistiques publiées par la société d’autopartage en 2017, 10% seulement des conducteurs enregistrés sont des femmes, ce qui reflète une vision discriminatoire manifestement encore solidement ancrée sur les capacités de conduite des femmes.
Mme Gao, âgée de 43 ans, a déclaré que le travail en lui-même était non seulement fatiguant, mais également que les conductrices devaient en plus être fortes. Cependant, ses horaires de travail flexibles lui permettent de faire vivre sa famille tout en s’occupant de son enfant à l’école et de sa famille malade.
Après qu’elle ait pris le volant pour gagner sa vie, la curiosité, la pitié et beaucoup de sexisme l’ont suivie. Elle a ainsi confié qu’un jour, alors qu’elle avait pris quatre jeunes hommes se dirigeant vers le centre-ville la nuit, à mi-chemin, ils lui ont soudainement demandé de faire demi-tour et de se diriger vers les montagnes. Quand elle leur a dit que c’était contre les règles de l’entreprise, ils ont commencé à la réprimander.
Malgré ses difficultés, Mme Gao travaille extrêmement dur et est considérée comme un chauffeur cinq étoiles sur l’application. Dans les emplois traditionnellement masculins, de plus en plus de pionnières comme elle combattent les stéréotypes sur les femmes sur les lieux de travail. Elles font face à des plafonds de verre mais s’efforcent de les percer.
Dans l’industrie de l’Internet, où les femmes sont principalement reléguées dans des emplois de bureau, Yang Xinyue a créé sa propre entreprise communautaire intelligente. Bien que le ratio hommes/femmes des entrepreneurs en technologie de l’information se situe malgré tout actuellement autour de 50-50, cette jeune femme d’une vingtaine d’années, avec une formation en marketing non technique, demeure une anomalie pour certains initiés du secteur.
Selon elle, certains clients ont même demandé à son directeur technique masculin de parler pour elle lors de la réunion. Mais elle a fait ses preuves avec une explication claire des projets et des technologies, ainsi que ses compétences en négociation d’entreprise. En tant que déléguée au Congrès des femmes, Yang Xinyue pense que la promotion croissante des droits des femmes et des avancées dans les milieux de travail modifieront progressivement cette vision d’un autre âge.
De même, Wang Xiaoyun, déléguée et directrice de l’Institut de recherche de China Mobile, estime que les femmes joueront un rôle plus important dans l’industrie des télécommunications. Mais elle a également ajouté que cela nécessitait des efforts communs et dit espérer que l’État et la société pourront construire une bonne plate-forme permettant à davantage de femmes de se démarquer. En tant que responsable féminine, Mme Wang tente de créer des conditions de développement pour le personnel technique féminin. « Je les encourage à concilier travail et famille en ménageant le temps nécessaire pour un second enfant. C’est crucial pour leur carrière », a-t-elle souligné.
A l’heure où la croissance économique, l’équité dans le domaine de l’éducation et les obligations juridiques créent davantage d’opportunités pour les femmes, elles espèrent aussi partager les mêmes conditions que les hommes en termes d’accès, de rémunération et de ressources sur le lieu de travail.
Mais hélas, pour des centaines de millions de personnes comme Gao Aimin, de meilleures méthodes pour libérer leur profession des soucis et de la discrimination restent toujours pour l’heure un vœu pieux.
Avec lafemmeenchine.blogspot