Le retrait américain de l’accord de 2015 sur le nucléaire iranien et l’entrée en vigueur lundi d’une nouvelle salve de sanctions économiques, après déjà une première vague début août, compromettent les activités des multinationales européennes en Iran.
Beaucoup d’entreprises ont d’ores et déjà annoncé leur retrait, sans attendre la création éventuelle par l’Union européenne d’une entité censée permettre les transactions avec l’Iran, mais dont la mise en place s’avère complexe.
Automobile
En vigueur depuis le 7 août, le premier volet des sanctions américaines a déjà eu un impact sur les constructeurs automobiles européens.
Daimler, numéro un mondial de la voiture haut de gamme et des camions, a jeté l’éponge en indiquant “cesser jusqu’à nouvel ordre” ses activités en Iran. Il projetait d’y produire et commercialiser des camions Mercedes-Benz.
Volkswagen ne confirme pas avoir accepté de restreindre très fortement ses activités en Iran, comme l’a annoncé le 20 septembre l’ambassadeur américain en Allemagne. Selon un porte-parole, le groupe “se conforme à toutes les lois nationales et internationales applicables et à la réglementation en matière d’exportation”.
Les Français Renault et PSA, qui écoulent près de la moitié des voitures neuves immatriculées en Iran, ont communiqué de façon très différente.
PSA a annoncé dès juin préparer la suspension de ses activités sur son principal marché étranger en volume, mais qui pèse “moins de 1% de son chiffre d’affaires”.
Renault a pour sa part assuré ne pas vouloir abandonner ses activités en Iran, quitte à “réduire la voilure très fortement”.
Aéronautique
Les plus gros contrats signés après l’accord sur le nucléaire concernaient l’industrie aéronautique. Là aussi, les sanctions sont en place depuis le 7 août.
Airbus avait enregistré des commandes de compagnies iraniennes pour 100 avions, mais perdre ce marché ne serait pas insurmontable. Avec 7.168 avions en carnet de commandes au 30 juin, l’avionneur européen a de quoi voir venir.
La compagnie Iran Air a reçu début août 5 nouveaux avions du constructeur français ATR, sur une commande totale de 20 appareils dont 8 avaient déjà été livrés.
Energie
A partir du 5 novembre, les Etats-Unis imposent des sanctions sur le secteur énergétique iranien ainsi qu’à toute société important du pétrole de ce pays.
Dès le 20 août, Total a notifié qu’il se désengageait. Après l’accord de 2015, il s’était associé au chinois CNPC pour investir 5 milliards de dollars dans l’exploitation d’un gisement gazier. Toutefois, le groupe français n’avait pas engagé plus de 100 millions de dollars dans cette opération.
Le géant gazier italien ENI, dont le contrat d’achat de 2 millions de barils de pétrole chaque mois expire fin 2018, n’a pas resigné d’accord avec l’Iran.
L’Allemand Siemens s’était relancé en Iran en mars 2016, en s’associant à l’Iranien Mapna dans les turbines à gaz et les générateurs pour centrales électriques. Un porte-parole, joint par l’AFP, a déclaré que le groupe “va prendre des mesures appropriées pour mettre ses affaires en conformité avec l’évolution du cadre multilatéral concernant l’Iran”.
Industrie ferroviaire et navale
L’industrie ferroviaire italienne pourrait pâtir des sanctions. Le groupe public des chemins de fer Ferrovie dello Stato a en effet signé en juillet 2017 un accord pour la construction d’une ligne à grande vitesse entre Qom et Arak, dans le nord de l’Iran.
Plusieurs accords de coopération avaient également été conclus entre l’Iran et le groupe de construction navale Fincantieri en 2016.
L’Italie était redevenue le premier partenaire commercial européen de l’Iran, ses exportations vers ce pays ayant augmenté de 12,5% en 2017, atteignant 1,7 milliard d’euros.
Pharmacie
Les ventes de médicaments à l’Iran ne sont pas directement visées par les sanctions américaines, même si les entreprises peuvent avoir du mal à se faire payer à cause des restrictions sur les transactions financières.
Sanofi déclare continuer, “en pleine conformité avec les règles internationales, à fournir des produits pharmaceutiques autorisés, des dispositifs médicaux et des vaccins afin d’aider les patients en Iran”.
Secteur bancaire
Dès lundi, les banques qui engageront des transactions avec les banques iraniennes ne pourront plus avoir accès au système financier américain. De nombreux établissements n’ont pas attendu pour se conformer aux pressions américaines.
“80 à 85% de tous les paiements aux institutions allemandes sont refusés”, déclarait dès début octobre au Handelsblatt Helmut Gottlieb, directeur général de la succursale allemande de la banque irano-germanique Melli à Hambourg.
Tourisme
Les activités liées au tourisme ne sont pas directement visées mais peuvent l’être à travers les restrictions sur les paiements.
Les compagnies British Airways et Air France ont arrêté leurs vols vers l’Iran en septembre, expliquant que leurs liaisons n’étaient pas viables commercialement.
Lufthansa, ainsi que sa filiale Austrian Airlines, et Alitalia continuent à assurer des liaisons avec Téhéran.
Le Français AccorHotels a ouvert deux hôtels à l’aéroport de Téhéran en 2015. Interrogé vendredi, il n’a pas souhaité faire de commentaire.
L’Espagnol Melia Hotels International, qui a signé un accord pour gérer un hôtel cinq étoiles en Iran, a indiqué que le projet était encore “en cours” en novembre.
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