L’entrepreneuse ghanéenne Salma Okonkwo va financer la construction d’une des plus grandes centrales solaires photovoltaïques d’Afrique.
Les pays africains du nord-ouest du Golfe de Guinée ont tous une caractéristique commune relative à la distribution géographique de leur pauvreté. Qu’il s’agisse du Liberia, de la Côte d’Ivoire, du Ghana, du Togo, du Bénin ou du Nigéria, on y observe un taux de pauvreté plus important au nord qu’au sud. Dans le cas du Ghana spécifiquement, alors que le nord du pays abrite seulement 17% de la population, il regroupe 40% des habitants vivant en dehors du seuil de pauvreté. Cette différence de répartition des richesses a été expliquée de plusieurs manières. L’une d’entre elles est la présence plus importante de terres fertiles et autres ressources au sud du pays qu’au nord, ainsi qu’un accès plus important aux marchés internationaux. Une autre explication incrimine le manque d’investissements dans les régions du nord, les condamnant à retard de plus en plus significatif.
Salma Okonkwo l’a compris. Cette entrepreneuse ghanéenne, âgée de 48 ans en août 2018, est originaire du nord du pays. Bien qu’elle ait grandi à Accra, la capitale du Ghana située au sud, elle a visité à plusieurs reprises sa famille au nord. Dès cette époque, il lui a été possible d’observer les disparités entre les ressources des deux régions, disparités qui se sont d’ailleurs accentuées depuis. Témoin du caractère besogneux des habitants du nord du pays et notamment de sa grand-mère, elle a vite compris que la pauvreté y régnant n’étant pas le fruit d’une supposée paresse mais d’un manque d’intérêt. Dès le début de sa carrière d’entrepreneure, elle a cherché à favoriser le développement du nord du Ghana.
En 2006, consciente de l’incidence du chauffage par le bois sur l’environnement, elle avait cherché à acheminer du gaz liquéfié dans le nord du pays. Malheureusement, l’absence d’infrastructures de conservation du gaz dans le nord ne le permettait pas. Elle a donc du repousser à ultérieurement son ambition de contribuer au développement du nord du pays. Son activité d’entrepreneure s’est alors focalisée sur la vente en gros de diesel et de pétrole à des sociétés à l’international dans le cadre de sa nouvelle société UBI Corp. Cette activité lucrative lui a permis d’établir de nombreuses installations et stations d’essence à travers tout le pays.
Ce succès d’UBI Corp a conduit au rachat à 49% de deux de ses filiales par la multinationale singapourienne Puma Energy pour 150 millions de dollars US en 2013. Depuis, Salma Okonkwo a donné une nouvelle direction à UBI Corp. En plus du type d’énergie non-renouvelable que constitue le gaz, UBI Corp s’occupe désormais de l’énergie solaire. A cet effet, Salma Okonkwo a jeté les premières bases de la plus importante centrale solaire photovoltaïque du Ghana qui sera concrétisée en 2020. Disposant d’une capacité de 200 megawatts, elle sera entièrement située dans le nord du pays, avec une de ses moitiés localisée dans le village natal de son père. Comme avec le pétrole, Salma Okonkwo a déjà réussi à créer de nombreux emplois dans le nord du pays grâce à son nouveau projet. Il s’agit selon elle d’une ligne de démarcation entre sa société et celle des multinationales étrangères qui vendent leurs produits au Ghana sans contribuer à son développement par le biais de la création d’infrastructures et d’emplois. Une démarcation évidemment tracée par le lien qui unit une fille et la terre de ses ancêtres et que d’autres ne peuvent honorer.
Avec nofi