Le chef du gouvernement espagnol devrait se rendre au Maroc les 10 et 11 décembre. Une visite qui vient consolider l’exemplarité des relations entre Rabat et Madrid sous le règne des socialistes.
Tout va bien entre le Maroc et l’Espagne. Les deux pays affichent ostentatoirement leur idylle. Mieux encore, Rabat et Madrid n’hésitent pas à crier fort leur volonté d’exporter leur modèle de coopération vers les pays de l’Afrique. De fait, les rencontres bilatérales se sont multipliées, ponctuées de déclarations élogieuses et d’égards flatteurs. Sur cette lignée, la visite du chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez devrait traduire ce rapprochement. Selon ce qu’a annoncé le ministre des Affaires étrangères et de la coopération espagnol, Josep Borrell, Sanchez devrait se rendre à Marrakech pour prendre part aux travaux de la Conférence internationale sur la migration, prévue les 10 et 11 décembre dans la ville ocre. Invité à prendre part au World Conference Policy, organisé à Rabat du 26 au 28, Josep Borrell, a rappelé le rôle joué par Madrid afin que Bruxelles mette la main à la poche.
«Le Maroc est un pays doté d’une grande capacité administrative et organisationnelle, mais tous ces efforts pour protéger ses frontières et réguler les flux migratoires coûtent cher et dans la mesure où cela a une valeur ajoutée pour les Européens, il est logique que nous contribuions à faire face à ce coût», rapporte le journal El Pais en citant le chef de la diplomatie espagnole. Le diplomate en chef espagnol a rappelé que cette méthode a été appliquée en Libye, en Turquie et qu’il est tout à fait normal que le Maroc réclame plus d’attention. «L’Espagne a réussi à ce qu’on prête attention au Maroc», s’est-il auto-félicité. «L’on parlait au début de 70 millions et nous avons pu atteindre le chiffre de 140 millions d’euros, la moitié en aides directes et l’autre en financement à travers des organisations de coopération», s’est-il réjouit.
«C’était dur de secouer les inerties administratives mais à la fin tout le monde a affiché une bonne volonté», a-t-il expliqué concernant les négociations ayant entouré l’octroi de fonds européens au royaume pour gérer la pression migratoire. Sur un autre registre, Borrell a estimé que le refoulement des migrants marocains arrivés en Espagne d’une manière irrégulière se développe d’une manière satisfaisante. «C’est un modèle à suivre pour le reste des pays européens confrontés à des flux migratoires. Si seulement l’Europe pouvait avoir des accords qui s’appliquent comme ceux signés avec le Maroc, tout sera beaucoup plus facile», s’est-il vanté.
Madrid attend toutefois des gestes de la part de son partenaire privilégié, comme s’empressent à le rappeler les responsables ibériques. Le rapatriement des mineurs marocains serait l’un des dossiers pour lequel le gouvernement du voisin souhaiterait que les autorités marocaines fassent un geste. Madrid évite de froisser son partenaire marocain à ce propos mais la pression monte en interne, surtout en cette époque pré-électorale. Même l’Andalousie, fief des socialistes a fini par demander le rapatriement des jeunes migrants originaires du royaume.
De même, Madrid apprécierait que Rabat lâche du lest à propos de la fermeture de la douane à Mélilia et que les autorités marocaines offrent une solution alternative qui tienne compte des intérêts des deux régions. Toutefois, le ciel des relations bilatérales pourrait s’assombrir à cause de quelques évènements cruciaux à venir. Les deux partenaires doivent surmonter l’épreuve de la ratification du protocole de pêche par le Parlement européen dans les prochains mois. La Commission du commerce international du Parlement européen doit rendre son rapport suite aux déplacements de ses membres à Dakhla en septembre dernier. Les avis sont partagés sur le contenu de ce document qui devrait être décisif durant le vote en commission, en novembre, suivi du vote en plénière en décembre.
Avec leseco