En Côte d’Ivoire, le nouveau Sénat n’a toujours pas dépassé la phase de démarrage. Le mois dernier, ses pouvoirs et attributions ont été transférés à l’Assemblée nationale sur décision du président Alassane Ouattara. Le motif avancé par le chef de l’Etat : la haute chambre, née de la nouvelle Constitution de 2016 et installée en avril dernier dans le paysage politique ivoirien, n’est toujours pas opérationnelle et ne peut donc remplir ses fonctions parlementaires. Un motif insuffisant, notamment pour le président du groupe de sénateurs d’opposition PDCI au Sénat.
C’est par un courrier daté du 13 septembre, ayant fuité dans la presse, que tout commence. Dans cette lettre adressée au Conseil constitutionnel, le président Alassane Ouattara annonce le transfert des pouvoirs du Sénat à l’Assemblée nationale.
Le chef de l’Etat explique sa décision en rappelant que les organes de fonctionnement de la haute chambre, tels que le bureau et les commissions techniques, n’ont toujours pas été créés.
Traduction : le Sénat n’est pas en état de travailler, l’Assemblée nationale va donc assurer l’intérim.
Cette décision unilatérale est totalement incompréhensible pour le sénateur Alain Cocauthrey, président du groupe parlementaire PDCI. Selon lui, si les instances de fonctionnement de la chambre sont toujours absentes, c’est notamment parce que leur installation est bloquée par les élus du parti au pouvoir, qui tardent à constituer leur propre groupe parlementaire.
En clair, les raisons du dépouillement des pouvoirs de la seconde chambre sont purement politiques, et peut-être même liées aux relations conflictuelles qu’entretiennent le PDCI et le pouvoir depuis leur divorce cet été.
Par ailleurs, le Sénat est toujours incomplet. Sur ses 99 membres, les deux tiers ont été élus et installés, mais ils attendent toujours l’arrivée des 33 derniers, qui doivent être nommés par le chef de l’état.