L ’ex-Premier ministre de la transition, Yacouba Isaac Zida vient de mettre sur le marché littéraire, son premier livre intitulé « Je sais qui je suis ». Nous vous proposons ici quelques extraits de ce livre plein de révélation et à lire entièrement de 332 pages.
Dans la première semaine de novembre 2014 alors que nous étions en pleine période de rédaction de la charte de la transition, et que je venais de rentrer très tardivement une nuit, j’ai reçu le président Roch Kaboré à mon domicile au « Conseil » et je me souviens lui avoir dit ceci :
« Monsieur le président du MPP, à la lecture que je fais de la situation nationale, vous êtes tout prêt de devenir le futur président du Faso. Pour notre part, nous allons nous investir par tous les moyens pour que le choix des Burkinabè se fasse à travers des élections libres et transparentes. Je payerai le prix qu’il faut pour que cet objectif soit atteint. La seule chose que je vous demanderai, c’est de travailler à l’unité et à la cohésion nationale. Vous ne pourrez pas bâtir notre pays si la fracture sociale née de l’insurrection populaire demeure ».
J’ignorais totalement que je m’adressais à quelqu’un dont la préoccupation était certes de devenir le prochain président du Faso, mais sans pour autant avoir l’ambition de construire notre pays dans la cohésion de toutes ses filles et tous ses fils.
Comme la majorité de mes compatriotes, j’avais cru en ce mea culpa que Roch avait fait à la place de la Révolution, ce haut lieu de la lutte de notre peuple. Comment deviner à l’époque que dans cet homme il y a une telle personnalité dépendante, pour ne pas dire un manque total de personnalité qui se révèlerait quelque temps seulement après sa prise de fonction à la magistrature suprême et compromettrait dangereusement l’avenir de notre nation ?
On dit souvent que le pouvoir ne vous rend ni arrogant ni orgueilleux, mais il ne fait que révéler ces traits de caractère qui sommeillent en vous. Le pouvoir tout comme la richesse révélera toujours aux hommes votre vraie nature.
Quelqu’un définissait le méchant comme celui qui a un cerveau d’enfant avec des membres d’adulte. Il dispose en effet la capacité de faire mal sans pour autant discerner quand, pourquoi contre qui et comment user de ce pouvoir. Il devient alors un danger non seulement pour les autres, mais également pour lui-même…
…Vous ne pouvez pas changer votre nature, dès que vous avez hérité du pouvoir, votre vraie nature s’est révélée. Je savais que le régime MPP ne mettrait pas beaucoup de temps à sortir son vrai visage. Personnellement, je vous connais, mais la majorité du peuple ignore que tout ce qu’il reprochait au pouvoir Compaoré, vous en étiez les stratèges et les principaux auteurs.
Le verdict du temps étant imparable, il finira bien par révéler ce que vous êtes réellement à la face de tous. Peut-être connaissez-vous cette histoire du chat qui s’est rendu au Hadj. A son retour, il a invité tous les animaux pour la cérémonie du « doua ». Les souris qui ont également reçu l’invitation hésitaient à s’y rendre. Le chat leur fit dire qu’elles n’avaient rien à craindre de lui, puisque l’une des prescriptions du Hadj était que chacun devrait changer de régime alimentaire.
Donc ce faisant, lui, le chat ne mangeait plus de souris. Les souris crûrent au chat sur parole et se rendirent nombreuses à la cérémonie qui se termina par une partie de chasse et un véritable massacre des souris. La morale de l’histoire c’est que « chasser le naturel, il revient toujours au galop », c’est ce qui adviendrait avec le pouvoir du MPP. Si vous êtes voleur, menteur ou criminel, le temps nous le dira, car il révèle toujours votre vraie nature. Vous aviez tenu des discours aux relents révolutionnaires ou vous avez même cité Thomas Sankara que vous aviez assassiné à cause de ces mêmes convictions. Vous aviez magnifié Norbert Zongo que vous avez fait assassiner pour ses critiques à l’endroit du pouvoir du CDP dont vous étiez président. Mais, tout ceci n’était qu’une ruse pour emporter l’adhésion populaire. Une chose importante que vous ignorez cependant, c’est que vous n’êtes pas maître du temps. Seul Dieu est maître des temps et lui seul dispose des circonstances. Si j’ai écrit ce livre en toute sérénité, c’est que ce qui vous attend est inévitable et doit servir à enseigner nos enfants et les générations futures.
Votre attitude, votre histoire, et votre fin doivent servir à quelque chose, à éclairer le comportement de ces milliers de jeunes Burkinabè et Africains qui choisiront de faire de la politique. Ils doivent une fois pour tout savoir que l’on s’engage dans la politique avec le désir de servir son pays, et sa communauté, il s’agit là d’un sacerdoce.
Extrait du Livre: « Je sais qui je suis » de Yacouba Isaac Zida.
Netafrique.