Votre patron a LA solution miracle. Il y croit dur comme fer, mais pas vous. Vous estimez qu’il va droit dans le mur. Une catastrophe annoncée pour l’entreprise. Les conseils d’Hélène Jacob pour le ramener à la raison avec doigté.
Votre boss n’a pas la science infuse et il peut trébucher dans les initiatives qu’il prend. Le hic, c’est que c’est lui le décideur. “Avant de partir bille en tête, il faut s’interroger, alerte Hélène Jacob, ex formatrice dans un grand groupe et auteure de “C’est qui le chef?“. “Si j’étais lui, ne me serais-je pas trompé aussi?” Une bonne façon de prendre du recul sur son propre ressenti et d’éprouver de l’empathie.”
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Peut-être était-il fatigué? Peu compétent (sur ce dossier)? Ou trop calculateur? Puis, il s’agit de trouver l’approche avec laquelle on est le plus à l’aise, pour contourner ou contrer l’ego du chef. En voici sept, de la plus souple à la plus raide.
1. Présenter une solution alternative
Ce stratagème est adapté à tout profil de chef! Il s’agit de lui faire comprendre, sans affrontement, qu’il se fourvoie. Son idée n’est pas mauvaise, mais il y a bien mieux. Ne contestez pas le fond, mais la forme. Il prévoit de réunir l’équipe pour lui présenter des méthodes de travail révolutionnaires? Reconnaissez que sa position est intéressante, mais qu’il serait bon de prévoir un temps d’échange avec la salle, afin d’enrichir son idée. Au point, espérez-vous, de la modifier voire de la dénaturer.
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Autre astuce, lui proposer une option différente, et lui faire croire qu’elle vient de lui. “Tu me l’avais soufflée il y a quelques semaines.”
2. Etre factuel
Plus risqué, mais efficace avec un n+1 inexpérimenté. Non, il ne peut pas attaquer tel marché, il n’y a aucun débouché pour les tondeuses. Démontrez-lui avec des chiffres, des faits, des études, qu’il est dans l’erreur. Cela dépassionnera le débat. Ces données agiront comme un bouclier: vous apparaissez comme celui qui veut éviter un fiasco à l’entité et non comme un oiseau de mauvais augure.
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Surtout, rajoutez que vous êtes prêt à mettre la main à la pâte pour l’aider à booster le chiffre à l’export. A vous d’assumer derrière.
3. Pratiquer la dissuasion
A adopter quand l’idée émise est nulle ou nocive. Vous allez décortiquer tous les inconvénients pour le chef à appliquer sa mesure choc. Chez SFR, par exemple, il y a plusieurs années, le responsable du centre d’appel interne, voulant faire du zèle, a sorti un truc génial à ses yeux: remanier le système de temps de pause. La demi-heure jusque-là laissée à libre disposition dans la journée, serait découpée en pauses de 5 minutes toutes les x heures. Des salariés lui en ont vite exposé les écueils pour lui : lourdeur administrative, perte de temps en paperasse, démotivation des troupes pour se retrouver au final mal noté par sa hiérarchie. Le chef a changé d’avis.
4. Opter pour la connivence
La technique est recommandée si le chef est passif, ou mauvais, et que le dialogue entre vous est de bonne qualité. Prenez-le par les sentiments en lui dévoilant votre ressenti. “Je sais que ton boulot n’est pas évident et que tu as beaucoup de pression, mais je suis ennuyé (déçu, peiné, etc.), par ton choix de plan d’action. J’ai l’impression que tu méjuges la situation …”. Et poursuivez, toujours complice, “comment puis-je t’aider ?”
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La stratégie consiste à souligner que vous allez retrousser vos manches pour bâtir à deux un autre projet. De fait, il acquiescera car vous lui retirez une belle épine du pied!
5. Instiller le doute
Face à un patron manipulateur, qui ne pense qu’à son propre intérêt, usez des mêmes procédés que lui avec moult conditionnels. “J’ai entendu que ton choix du fournisseur X n’avait pas plu, qu’il y aurait déjà eu des soucis avec eux… Je n’en suis pas sûr. Je te laisse vérifier.” Ainsi, vous le laisser mariner.
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L’instinct de conservation va, à coup sûr, prendre le dessus chez votre supérieur. Il hésitera et finira par faire marche arrière.
6. Oser le choc frontal
Si vous avez un boss familier, sorti du rang, du genre à vous taper sur l’épaule, ce peut être payant. Comme pour Marie, jeune team leader d’une société de services, qui travaillait avec une manager bourrue, au parler franc, direct et fleuri, claironnant. “C’est mon caractère de Bretonne qui ressort, quand ça ne va pas, ça ne va pas!”
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Du coup, lorsqu’elle avait tort, Marie lui lâchait “Pourquoi as-tu décidé cela ? Je ne comprends pas, tu as dû te tromper. Et la chef répondait: “ok, Je t’explique” ou “ok, je regarde… Ah oui, je n’avais pas vu tel aspect, tu as raison.” Attention ! Cette attitude est à proscrire avec de personnes très politiques.
7. Alerter le n+2
C’est l’arme ultime, à condition d’être crédible et irréprochable. Profitez d’une rencontre fortuite pour vous étonner d’un dossier et lui mettre ainsi la puce à l’oreille. Telle décision n’est pas raisonnable, ni équilibrée. Le tout en vous appuyant sur des chiffres, des dates, des faits incontestables. Il y a de fortes chances pour qu’il ait déjà eu vent de difficultés dans le service. Vous lui donnez des billes pour intervenir.
avec lexpress.