Aujourd’hui dans Affaires Sensibles : le pillage du patrimoine culturel de l’Afrique, ou l’affaire “des biens mal acquis” du Musée du Quai Branly… Invité Didier Rykner, historien de l’art, directeur de la rédaction de La Tribune de l’art et co auteur du livre “La restitution des œuvres d’art : solution et impasses”.
Un jour de 2009, le président Sénégalais Abdoulaye Wade décide d’ériger à Dakar un grand Musée des Civilisations Noires – une idée vieille de 40 ans, lancée par l’ancien président Léopold Sedar Senghor. En 2016, le bâtiment sort enfin de terre mais ne ressemble, aujourd’hui encore, qu’à un écrin vide… Et pour cause : 90 % des pièces majeures de l’art africain dit classique se trouvant hors de ses frontières. Certaines d’entre-elles peuplent le Musée du Quai Branly de Paris, « là où dialoguent les cultures » comme le proclame son slogan.
Un dialogue, en réalité, empreint d’une histoire douloureuse et violente : ici, dans les dédales du musée voulu par Jacques Chirac, les « arts premiers » témoignent tout à la fois d’une culture passionnante et d’une barbarie. Celle de la colonisation et de l’appropriation culturelle, des expéditions scientifiques et de l’assimilation forcée