Nous avons eu accès à la comptabilité et au bilan social 2017 de la prestigieuse Ecole nationale d’administration. L’établissement, qui forme l’élite dirigeante de la Nation, accuse un grave déficit.
C’est la fabrique à présidents. Celle qui a formé Emmanuel Macron, François Hollande, Jacques Chirac et Valéry Giscard d’Estaing. Celle qui forge les élites dirigeantes de l’Etat et de certaines entreprises du CAC 40 : l’ENA.
Mais dans les coulisses de l’Ecole nationale d’administration où les futurs pilotes de la République font leurs classes, les voyants financiers sont au rouge. La masse salariale pèse trop lourd. Les nouvelles missions imposées par l’Etat coûtent cher alors que la subvention publique stagne. Et les trésoriers de l’école peinent à se faire payer les factures des prestations que l’ENA propose.
Résultat, le déficit augmente et si rien ne change, l’école, qui dispose encore d’une petite réserve pour éponger, fera banqueroute d’ici quatre ans. Voilà qui fait désordre à l’endroit même où l’Etat se fixe pour mission d’enseigner les règles de la bonne gestion publique.
La situation se dégrade depuis plusieurs années. La fuite d’une note interne avait déjà mis le sujet sur la place publique par le passé. Mais, pour la première fois, Le Parisien – Aujourd’hui-en-France a eu accès à un bilan de santé détaillé : le compte financier 2017 de la prestigieuse école.
Mission impossible pour boucler un budget à l’équilibre
Le déficit a atteint 2,8 millions d’euros l’an dernier, sur un budget de 40,8 millions d’euros. Les chiffres parlent d’eux-mêmes, c’est d’ailleurs pour cela qu’ils ont été si difficiles à obtenir. Pour se les procurer, la fondation iFRAP, un think-tank libéral, a sollicité la Commission d’accès aux documents administratifs (Cada). « J’ai dû attendre un an entre ma demande initiale à l’ENA et le moment où l’école a été forcée par la Cada à m’envoyer ses comptes », soupire Agnès Verdier-Molinié, la directrice de l’iFRAP, qui a passé au crible les dépenses et les recettes de l’établissement.
Avec leparisien