Des exploitants sensibilisés par le Minepded dans la région.
L’or, le saphir, le diamant, l’étain, la bauxite, le sable, etc. sont autant de ressources minières que regorge le sol de l’Adamaoua. Leur exploitation charrie moult espoirs de sortir les populations environnantes de la pauvreté ambiante. Aussi, des sites d’exploitation artisanale et semi-mécanisée sont ils en activité. « Cependant, cette activité comporte d’énormes inconvénients notamment sur la santé humaine, mais également celle de l’environnement et des ressources naturelles. Il faut noter en effet que l’exploitation minière artisanale contribue au déboisement et à la déforestation, à la dégradation des sols, à la pollution de l’air par la poussière et le monoxyde de carbonique, du sol et de l’eau par les huiles usagées des moteurs et les produits chimiques (les piles usagées abandonnées au fond des puits contenant du manganèse ou plomb), la perte de la biodiversité, la détérioration du paysage.» Et ce dernier de poursuivre : «sur le plan sanitaire, elle peut engendrer des maladies respiratoires (toux, pneumonie, angine…) du fait de l’inhalation de la poussière et des accidents souvent mortels compte tenu des techniques d’extraction du minerai qui s’avèrent archaïques. Sur le plan social, cette activité entraîne la dépravation des mœurs sur les sites d’exploitations, ce qui peut faire accroître le taux des maladies sexuellement transmissibles ; elle contribue à vider les classes de leurs élèves qui doivent aider leurs parents dans l’extraction ; ce qui conduit à une baisse du taux de scolarisation dans les zones d’exploitation », prévient la délégation régionale de l’Environnement, de la Protection de la Nature et du Développement durable (Minepded) de l’Adamaoua.
C’est pour endiguer ces différents problèmes et risques que le Minepded a initié une « mission de sensibilisation des exploitants miniers en vue de l’atténuation des impacts de leurs activités sur les ressources naturelles dans la région de l’Adamaoua ». Ainsi, pendant les mois d’août et septembre derniers, les équipes de la délégation régionale se sont ainsi déployées dans les cinq départements de la région. Notamment dans les localités de Dobaté et Béthanie dans le Mbéré, où s’effectue l’exploitation artisanale de l’or ; à Paro et Leggal Goro dans le Faro et Déo, où sont exploités le saphir et l’or ; à Mayo-Darlé et Madam dans le Mayo-Banyo, où on retrouve de l’étain et du saphir ; à Marma dans le Djérem où s’exploite le saphir ; et à Ngan-Ha et Martap dans le Vina, où sont logés des carrières de sable et des gisements de bauxite.
Des descentes et échanges avec des populations, qui ont permis à ces dernières de mesurer l’ampleur des risques encourus tous les jours à la recherche de leur pitance. Et de viser plus haut, en ce qui concerne le développement de leurs contrées. « Si cela peut changer notre avenir à notre avantage, nous ne pouvons que croiser les doigts. En plus, si notre pays peut aussi avancer en gagnant de l’argent, ça va développer déjà notre village. Vous voyez comment nous sommes pauvres et notre village connait aussi le phénomène des enlèvements. C’est vrai que ces enlèvements ont un peu baissé grâce aux actions des autorités et des militaires. Nous souhaitons donc qu’en plus de la paix, même si de temps en temps ces ravisseurs reviennent, que nos mines, la bauxite en particulier, nous apportent des emplois et le développement. Je crois que Dieu est en train de nous sauver… », fait savoir Hamadou Sardaouna, 52 ans, habitant de Bobodji dans l’arrondissement de Martap.