Elections Locales 2018 en Côte d’Ivoire : La Compagnie Soro émerge avec audace et espérance
1ère partie : « La posture républicaine du Leader Générationnel Guillaume Soro pendant les élections locales 2018 »
« On se forge dans la pratique » GKS
L’Editorial de Franklin Nyamsi Wa Kamerun
Sérénité et lucidité sont la marque déposée de ceux qui font l’Histoire. Cette disposition d’esprit, naturelle à Guillaume Soro et à ses authentiques compagnons de lutte devrait inspirer respect et admiration à toutes les bonnes volontés. Les moqueries des psychopompes « unifiés » n’y pourront rien. C’est l’histoire bien connue du Petit Poucet. Les géants de la légende veulent l’écraser. Ils remuent les arbres de la forêt, les monstres des grottes archaïques, les peurs et fantasmes les plus sordides. Mais le Petit Poucet réussit à ramener les siens à bon port, grâce à l’art subtil de marquer son chemin par de petits cailloux blancs, symboles de la lumière qui éclaire intérieurement les esprits alertes et lucides. Fluctuat nec mergitur. Le navire des aguerris par excellence tangue, mais flotte toujours. Ainsi de la Compagnie Soro, inspirée avec dextérité par le légendaire Tienigbanani, dans ces élections locales 2018 en Côte d’Ivoire : prise en chasse par les harcèlements administratifs et pseudo-judiciaires, les intimidations, les violences, les fraudes, les tricheries, les milliards déversés dans la campagne pour corrompre le peuple et les brimades des forts-en-thème du régime en place, la Compagnie Soro plie depuis de longs mois, voire de longues années. Mais elle ne rompt pas. Le bois d’acacia dont elle est faite est imputrescible, comme trempé dans un désir d’éternité inébranlable. Mieux encore, la Compagnie Soro vient de réaliser, à travers de nombreuses candidatures indépendantes, une percée historique remarquable dans le paysage politique ivoirien. IL est donc temps de répondre à quatre questions qui brûlent sans doute toutes les lèvres, en ce 14 octobre 2018 : 1) Comment comprendre la posture de Guillaume Soro, pendant toute cette période des élections locales ? 2) Quel est le bilan réel des soroistes dans ces élections locales 2018 ? 3) Quelles leçons tirer des victoires et des échecs des candidats qui se revendiquent de l’obédience soroiste ? 4) Quelles leçons tirer de ces élections locales, eu égard à la méga-échéance de 2020, où seront en jeu l’alternance générationnelle et l’alternance démocratique à la tête de la République de Côte d’Ivoire ?
La posture du Leader Générationnel Guillaume Soro : une pédagogie de la démocratie locale
Certains enthousiastes et certains hypocrites auraient voulu que le député de Ferkéssédougou monte en première ligne, dans la campagne des municipales et régionales du pays. On croit parfois mieux connaître le bien d’un homme avisé que lui-même. Comme si l’on pouvait vouloir le bien de quelqu’un à ses dépens.
On estimait donc, avec un empressement suspect dans ces chaumières bien-pensantes qu’il fallait que Guillaume Soro, bâton du pèlerin en main, toutes voiles dehors, aille de commune en commune, de ville en ville, de région en région, porter son soutien aux candidats qui se réclamaient de lui ou que l’opinion rattache à sa propre aura politique. Peut-être espérait-on même que Guillaume Soro, dans une Côte d’Ivoire dont la dette publique explose d’année en année, imite certains milliardaires administratifs de la République, qui n’ont pas hésité à mobiliser des milliards de francs Cfa pour corrompre les populations, des religieux, des leaders associatifs, une certaine presse, dans le seul but d’obtenir au forceps des victoires électorales de façade, favorisées par une Commission Electorale forclose et dépassée, avec l’approbation d’un exécutif totalement partisan et d’une justice ramollie par son manque cruel d’indépendance.
Ceux qui ont hâtivement formulé cette attente d’implication directe de Guillaume Soro dans cette campagne des élections locales n’ont en réalité pas fait preuve de lucidité et de vision. Voici pourquoi.
-En sa qualité de Président en exercice de l’Assemblée Nationale et de Chef du Parlement de la République de Côte d’Ivoire en vertu de la Constitution de 2016, Guillaume Soro n’avait pas à s’impliquer dans des élections régionales et municipales auxquelles il n’était personnellement pas candidat. L’art de l’Etat requiert des hommes qui le maîtrisent le recul et la distanciation qui manquent cruellement aux cumulards boulimiques de postes qui défraient la chronique sous nos tropiques.
– En sa qualité de Leader Générationnel évident de l’après-Ouattara/Bédié/Gbagbo, Guillaume Soro n’avait pas à livrer personnellement la bataille d’une campagne qui concerne avant tout le rapport de proximité entre les Ivoiriens et leurs maires, les Ivoiriens et leurs Conseillers Régionaux. Bien que les élections locales aient pu être l’occasion pour certains pontes du régime pour poursuivre leur traque contre les soroistes, Guillaume Soro, bien que visé, ne s’est pas senti concerné par ces attaques de bas étage. C’est l’élégance même d’un homme qui sait ce qu’il veut et où il va. Par respect du droit des gens de choisir en âme et conscience leurs élus les plus proches au quotidien, Guillaume Soro n’avait pas à interférer entre les électeurs et les candidats, quelle que soit sa préférence pour tel ou tel candidat. Le respect des citoyens, le respect de l’élection locale et le respect de la démocratie imposaient cette retenue.
– En sa qualité de figure tutélaire de la Nouvelle Génération politique ivoirienne, Guillaume Soro n’a cependant étouffé aucune ambition électorale parmi les siens. Autant il n’a pas interféré directement dans la campagne, autant il n’a découragé aucun désir de servir les Ivoiriens sur le plan local. IL a laissé, librement, chaque ivoirienne et chaque ivoirien soroistes dans l’âme qui souhaitaient candidater à cette élection, y aller et faire leur expérience. On apprend beaucoup en allant soi-même au charbon. La politique, par-delà toutes les théories, est une praxis. Un art qui s’acquiert dans le frottis des luttes, épreuves, victoires et échecs qui forgent la carapace du lutteur politique que tout soroiste doit être. Ainsi donc, du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest de la Côte d’Ivoire, en passant par le Centre, des candidats soroistes ont fait le pas audacieux d’affronter des éléphants suffisants du régime, d’aller vers les populations recueillir leur confiance et leurs suffrages. Sans s’en mêler, bien que son cœur battît pour chacune et chacun de ces candidats, Guillaume Soro est demeuré en retrait pour permettre à chacun de jauger réellement sa représentativité et ses difficultés sur le terrain politique réel. Les élections locales 2018 ont donc, implicitement servi à la mise à l’épreuve des soroistes convaincus dans le chaudron des réalités populaires. Un grand leader politique, comme un grand coach d’équipe professionnelle, commence d’abord par laisser jouer ses recrues, afin d’en observer les forces et faiblesses, tout en les aidant à en prendre conscience eux-mêmes. En effet, « Qui veut aller loin doit savoir d’abord se limiter », comme le soulignait Johann Wolfgang Von Goethe.
Concluons donc ce premier point. Un jour, pendant l’une de ces longues conversations dont nous avons l’habitude, Guillaume Soro me fit remarquer : « Franklin, tu dois le savoir : on se forge dans la pratique ». Je comprends encore mieux aujourd’hui la vision profonde qu’exprime cette conviction. Guillaume Soro, en retrait de la campagne des élections locales, par respect pour son statut républicain, pour la démocratie locale et pour la liberté d’expérience des siens, n’en a que plus positivement influencé cette campagne. Tel est le paradoxe qui fait la force d’inspiration de l’homme parmi les Ivoiriens. La bonne influence politique ne consiste ni en l’immixtion, ni en l’interférence, ni en un dirigisme autoritaire. Elle consiste à demeurer dans l’exemplarité. Saluons cet augure !