Comme si faisant écho à notre article publié hier sur la certification, la Fondation Fairtrade a déclaré hier être prête à aider les groupes agroalimentaires à développer leur propre schémas équitables. L’annonce a été faite à l’occasion d’une conférence à Londres portant sur le thème “L’avenir du commerce : peut-il marcher pour tous ?” Ceci touche essentiellement les filières cacao, café, banane et thé.
Que se passe-t-il ? En réalité, Fairtrade a constaté dernièrement qu’un certain nombre de multinationales n’utilisaient plus sa marque et avaient établi leur propre charte de sourcing durable. Ils estiment leurs critères plus compréhensibles, mieux adaptés et surtout plus efficaces.
Ainsi, en août, Mondelez a lancé sa première barre de chocolat Green & Black’s sur le marché britannique estampillé “Cocoa Life”, un schéma de sourcing mis au point en 2012. Il comprend des objectifs d’amélioration de la productivité, de protection des terres fertiles et d’égalité des genres dans les communautés agricoles. S’il reconnaît ne pas assurer la traçabilité sur l’intégralité de sa chaîne, sa cartographie digitale au Ghana, en Côte d’Ivoire et en Indonésie permet d’accroître la transparence et donc la traçabilité de la ferme à l’usine de transformation, selon le groupe.
Dans une quête vers une plus grande transparence, Barry Callebaut a créé dans son usine en Belgique une cuve de beurre de cacao “sourcée éthiquement”, et a lancé une application pour améliorer le traçabilité sur les fermes cacaoyères en Côte d’Ivoire. Il entend faire passer de 23% en 2015 à 100% en 2025 le sourcing durable de l’intégralité de ses ingrédients utilisés pour fabriquer ses produits du chocolats. D’ores et déjà, il achète son cacao à travers des schémas externes mais aussi au travers du sien nommé “Cocoa Horizons”.
Unilever s’est engagé, d’ici 2020, a sourcé durablement 100% de son approvisionnement en utilisant les certification équitables classiques mais aussi son propre “Code Unilever pour une agriculture durable”.
Dernier exemple, en juin, Sainsbury, la deuxième plus grande chaîne de supermarchés au Royaume-Uni, a remplacé le logo Fairtrade sur le thé commercialisé sous sa propre marque, par sa certification maison nommée “Fairly Traded”. Il entend prochainement faire de même pour ses produits café et bananes. L’engagement “Fairly Traded”, note le groupe, permet de d’accorder aux producteurs un prix plus élevés que par Fairtrade et s’attache davantage à la question climatique.
La Fondation Fairtrade se voit quelque peu prise en ciseau, entre les grands groupes qui développent donc leur propre certification et les consommateurs qui, dans certains pays, seraient un peu moins enthousiastes. Ainsi, en Belgique, en 2017, la croissance des produits faitrade a été de 3% contre 17 à 20% les années précédentes, selon une étude du Trade for Development Centre. Des chiffres démentis par Fairtade qui soulignait, le 27 septembre, que les volumes avaientn augmenté de 10% en un an, dont +5% pour les bananes, +10% pour le café et +45% pour les produits à base de cacao. Les ménages belges qui achètent les produits labellisés Fairtrade sont désormais 69% contre 24% il y a 10 ans, rapporte bx1.AuRoyaume uni, la progression a été de 7% en 2017, selon Fairtrade.
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