La tension sur le marché de l’emploi cadre s’accentue. Les entreprises n’ont pas le choix: elles doivent se montrer plus généreuses pour trouver les talents dont elles ont besoin. Cette situation profite aux jeunes diplômés, comme aux séniors, selon l’étude de salaire annuel Robert Half.
Les cadres sont en position de force pour négocier leur salaire. Les embauches sont en nette progression, atteignant un plus haut historique. Les entreprises sont désormais prêtes à mettre le prix pour recruter les experts dont elles ont besoin. “Un cadre en poste reçoit entre deux à quatre sollicitations par an, il a donc le choix. Cette situation contribue à créer une tension sur les rémunérations”, analyse Fabrice Coudray, managing director chez Robert Half.
Dans son étude annuelle sur les salaires dévoilée ce jeudi, le cabinet de recrutement note une dynamique inflationniste. “Attention, les salaires ne crèvent pas les plafonds, on n’est pas dans le déraisonnable, on reste dans des valeurs de marché”, précise Fabrice Coudray. Autrement dit, les entreprises font des efforts pour trouver les talents dont elles ont besoin, tout en veillant à garder leur profitabilité et à ce que les salaires d’embauche restent cohérents avec ceux pratiqués en interne.
Les employeurs surenchérissent pour conserver leurs cadres
Parmi les cadres à profiter de cette embellie sur les rémunérations figurent les experts en finance et en compatibilité. Sur les 12 derniers mois, les volumes d’embauche sont en progression. Les chef comptable, contrôleur de gestion, directeur financier sont très recherchés. “La plupart des candidats en poste peuvent recevoir des contre-propositions de la part de leur employeur quand ils annoncent leur volonté de partir. Ce qui a pour effet mécanique d’augmenter les niveaux de rémunérations”, ont pu constater les experts de Robert Half.
Par exemple, un contrôleur de gestion débutant peut facilement décrocher un salaire annuel de 31.000 euros et pour les profils les plus experts, plus de 80.000 euros. Un directeur comptable avec peu d’expérience peut négocier plus de 73.000 euros, et ceux qui peuvent justifier de compétences plus pointues peuvent dépasser les 100.000 euros.
Les experts de la data sont très recherchés
Les métiers de l’informatique et du digital sont aussi en pleine croissance. Les candidats ont de multiples opportunités et n’hésitent pas à “zapper” d’un poste à un autre, ce qui impacte les niveaux de rémunérations. Robert Half constate ainsi “une véritable surenchère sur les profils liés à la data et au développement informatique”. Un web designer, selon son expérience, peut obtenir entre 40.000 de 65.000 euros, un responsable webmarketing entre 51.800 et 74.000 euros. Mais les rémunérations les plus élevées reviennent aux chiefs marketing officer et aux chiefs data officer dont les salaires d’entrée dépassent les 85.000 euros.
L’assistanat reste également très porteur. “Le marché est si pénurique que les entreprises disposent de moins en moins de choix (..). Les entreprises se voient désormais proposer seulement un ou deux candidats’, constate Robert Half, qui constate une nette augmentation des salaires, qui devrait se poursuivre dans les mois à venir en raison de la rareté des candidats. Un assistant de direction débutant peut ainsi tabler sur 31.400 euros, les experts pouvant décrocher près de 47.000 euros annuels. Un assistant commercial en début de carrière pourra négocier un salaire de près de 21.000 euros, et plus de 31.000 euros pour les confirmés.
Attention à travailler son employabilité
Cette tension sur le marché de l’emploi profite à tous les profils, des jeunes diplômés aux séniors. “Il n’est pas rare qu’avant d’avoir décroché leur diplôme, certains étudiants aient déjà des propositions de CDI”, cite en exemple Fabrice Coudray. Les entreprises profitent souvent des stages de fin d’études pour faire leurs propositions de recrutement.
Les plus de 55 ans ont aussi une carte à jouer et peuvent profiter de la situation pour donner un coup de boost à leur carrière. “Certaines entreprises rappellent même leurs cadres en pré-retraite sur certains métiers pénuriques, notamment pour former les jeunes générations”, met en avant Fabrice Coudray. Mais attention, seuls les séniors ayant travaillé leur employabilité pourront profiter de ces opportunités.
Avec bfm