Une étude montre qu’installer de nouvelles habitudes permet aux managers d’accélérer leur progression professionnelle.
Soyons francs ! Nous avons tous quelques mauvaises habitudes qui nous empêchent de nous améliorer comme nous le souhaiterions : fuir les relations interpersonnelles, procrastiner souvent, refuser d’apprendre les techniques qui nous rendraient meilleurs dans notre spécialité, camper sur notre quant-à-soi, etc.
Joseph Grenny, auteur et conférencier américain, spécialiste en sciences sociales dans l’univers de l’entreprise, a récemment conduit une étude , publiée dans « Harvard Business Review », portant sur plus de 5.000 managers. Elle démontre qu’à peine 10 % d’entre eux sont capables d’installer les nouvelles habitudes qui leur permettraient d’accélérer leur progression professionnelle.
Se faire violence
Cette étude a permis de découvrir, en analysant comment ces 10 % creusaient l’écart avec les autres, qu’ils dialoguaient littéralement avec eux-mêmes, presque à la façon d’un psychologue expérimental s’adressant à son cobaye. Un exemple ? Un manager, ambitieux, mais timide, y expliquait comment, 3 fois par semaine, il s’emmenait littéralement à la cafétéria, pour s’asseoir en face d’un parfait inconnu. Ruisselant d’anxiété, débarrassé de son smartphone afin d’éviter de se réfugier dans ses mails, il se forçait à engager la conversation, sur un sujet quelconque.
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C’est en étudiant tous les procédés bizarres, découverts au cours de l’étude, que Grenny a commencé à en détecter les vertus. Ces adeptes du développement personnel, au sens propre du terme, avaient découvert que le meilleur moyen d’améliorer leur comportement était de prendre le contrôle du trait de caractère qui les dominait. Ils avaient eu l’humilité de mesurer leurs carences et l’intelligence de vouloir s’en débarrasser. L’étude a alors permis de détecter cinq pratiques communes à ces 10 % de managers qui avaient réussi leur transformation.
1. La prise de distance
Notre environnement physique guide nos choix. On s’en rend particulièrement compte pour la nourriture. Nous sommes beaucoup plus sensibles à ce que nous voyons qu’à ce que nous projetons. Passer devant un paquet de truffes au chocolat offert sur le bureau d’un collègue crée une envie irrésistible. Voir, c’est vouloir manger. Une bonne méthode consistera donc à prendre de la distance. Pour éviter de procrastiner, par exemple, on ne s’installera pas dans un environnement de jeux et de distractions.
2. Les relations
« Dis-moi qui tu fréquentes, je te dirai qui tu es ». Ce vieux proverbe garde tout son sens aujourd’hui. Consciemment ou non, nous sommes le reflet des cinq personnes que nous fréquentons le plus. Ceux qui évoluent se mettent en relation avec des gens qui correspondent à ce qu’ils veulent accomplir et s’éloignent des autres. Qui aurait l’idée de prendre la décision d’arrêter de fumer au milieu de fumeurs invétérés ?
3. L’auto-programmation
Il ne suffit pas de se dire, en se fixant ses objectifs : je voudrais bien réaliser tel projet rapidement. Non ! Il faut écrire sur un document qu’on garde sur soi ou sur un fichier quotidien de son ordinateur : j’aurai réalisé tel programme dans sa totalité (en le détaillant) avant le 31 décembre de cette année.
4. La formation
Beaucoup de gens pensent qu’ils n’y arrivent pas par manque de volonté. Ce n’est pas forcément vrai. Quand on ne se sent pas à la hauteur, on a tendance à manquer de motivation. Il faut donc sans cesse améliorer ses compétences et se forcer à toujours apprendre plus, pour maîtriser sa spécialité. Mieux on connaît son métier, plus facile est ensuite l’exécution de ses devoirs et plus forte est la motivation pour les accomplir.
5. Le contexte
Il est beaucoup plus facile de changer d’habitudes lorsqu’on sait se projeter dans un espace différent. Si la publicité est capable de nous faire croire que nous devenons quelqu’un d’autre, rien qu’en changeant de voiture, par exemple, c’est parce que nous sommes capables de nous motiver en changeant, purement et simplement, de perspective. D’ailleurs, il est prouvé qu’on résiste toujours mieux à la tentation en se disant « je ne veux pas » qu’en se disant « je ne peux pas ».
Pour installer une habitude, de 21 à 70 jours sont nécessaires et suffisants, selon les personnes. Mais cette règle ne souffre aucune exception au quotidien. C’est comme d’arrêter de boire, pour quelqu’un qui a un problème avec l’alcool. Celui qui, pendant la période de sevrage, se laisse aller à un petit verre, juste pour un plaisir fugace, reprendra immédiatement sa mauvaise habitude.
Nous avons, en effet, tous, tendance, à surestimer nos propres capacités et à sous-estimer les forces sociales environnantes. Pour s’améliorer, il faut donc commencer par être humble et accepter de se repositionner dans son environnement avec lucidité. La substitution de bonnes habitudes à de mauvaises habitudes est un combat quotidien. Mais la méthode est efficace, elle permet d’améliorer, de façon spectaculaire, ses performances d’entrepreneur et de manager.
avec lesechos