Outre sa très grande popularité dans le monde, le nom de Denis Mukwege est définitivement passé à la postérité. En compagnie de Nadia Murad, une militante contre les violences sexuelles faites aux femmes en Irak, le gynécologue congolais s’est vu attribuer le Prix Nobel de la Paix 2018. Une consécration pour ce médecin congolais qui s’est spécialisé dans la chirurgie des femmes victimes de viol collectif, cette arme de guerre utilisée par les milices en temps de guerre.
A l’annonce des noms par le jury du comité Nobel, la plupart de ceux qui ont reçu la nouvelle ont dû se répéter cette phrase : «Ce n’est pas trop tôt !». Ce vendredi 5 octobre 2018 à Oslo, l’Académie Nobel a attribué son Prix pour la paix dans le monde au Congolais Denis Mukwege et à l’Irakienne Nadia Murad. Le Prix leur est attribué «pour leurs efforts pour mettre fin à l’emploi des violences sexuelles en tant qu’arme de guerre», précise-t-on.
La trajectoire des deux «nobelisés» de cette année aurait pu se croiser si ce n’était l’éloignement géographique. Nadia Murad est une ancienne esclave sexuelle de Daesh. Un enfer dont elle s’est échappée et contre lequel elle mène un combat pour la cause des femmes en période de conflits. Le gynécologue congolais n’est plus à présenter. A 63 ans, ce médecin surdiplômé originaire du Kivu n’a jamais oublié les ravages des deux guerres du Congo sur sa région.
Denis Mukwege à jamais dans la postérité
De retour au Congo après avoir quitté son emploi en France, il se consacre à la chirurgie génitale de femmes victimes de viols ou de violences sexuelles commis sur elles par des soldats ou miliciens. Face aux menaces de mort, aux tentatives d’assassinat et aux intimidations de toutes sortes, ce spécialiste des fistules ne tremblera pas. Au point où son surnom tiré du titre du livre de Colette Braeckman est devenu L’homme qui répare les femmes.
Sur sa blouse blanche de docteur, son stéthoscope devait souvent s’entrechoquer avec les médailles qu’on lui apposait s’il avait décidé de toutes les porter. Mais le médecin est un homme qui n’aime pas la lumière des projecteurs de la gloire. Et pourtant, les distinctions s’enchaînent : Prix Olof, Sakharov, Roi Baudouin, Right Livelihood, Inamori, Levi…
En 2013, le Prix Nobel lui échappe de peu, mais son nom circulait déjà dans les conversations. Cette fois-ci est la bonne. Denis Mukwege a désormais écrit son nom à côté de celui d’illustres africains récompensés du même prix comme les Sud-Africains Nelson Mandela, Max Theiler, Albert John Luthuli, Desmond Tutu, Frederik De Klerk. Sur le tableau d’honneur des nobelisés du Continent, Denis Mukwege côtoie aussi la Kényane Wangari Maathai , les Libériennes Ellen Johnson Sirleaf et Leymah Gbowee ou encore l’Egyptien Anouar El-Sadate. Une nouvelle consécration pour le médecin congolais pour l’encourager à poursuivre son combat.
Avec la tribune afrique