Dans le cadre de son bicentenaire, la BCGE organisait la semaine dernière plusieurs conférences thématiques parmi lesquelles les nouveaux styles de management. La question du bonheur au travail se profile comme une tendance toujours plus marquée.
Lorsque le bonheur au travail est évoqué, on pense spontanément à la suppression des horaires fixes, au télétravail, ou encore au réaménagement des espaces. Nombre de ces mesures composent d’ailleurs le projet EquiLibre lancé il y a quelques années par les Services Industriels de Genève (SIG). Leur directeur général Christian Brunier a présenté cette mise en œuvre au public réuni à la Fondation Louis Jantet à Genève vendredi 16 septembre, dans le cadre du bicentenaire de la Banque Cantonale de Genève.
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Or, pour mieux appréhender et améliorer le quotidien des collaborateurs, d’autres dimensions moins intuitives sont à prendre en compte. Les sciences du comportement en font partie. Le professeur Paul Dolan, de la London School of Economics, s’est ainsi exprimé au cours d’une leçon introductive entre psychologie sociale et analyse de la décision. Son objectif ? Montrer que le discours d’un individu sur ses actions n’est pas le seul moyen d’expliquer celles-ci. Et que cela n’est pas sans conséquence pour les managers.
De l’expérience à l’évaluation
Il convient tout d’abord, selon l’expert anglais, de distinguer nos expériences des évaluations que nous faisons de celles-ci. «Prenez vos enfants. A vous entendre, ils sont une source intarissable de joie, un grand accomplissement dans votre vie, un but en soi. Cependant, des mesures cardiaques sur des volontaires ont prouvé que ceux-ci ressentaient un grand stress au moment de s’occuper de leur progéniture», illustre Paul Dolan. La contradiction existe bel et bien, et elle se voit souvent neutralisée par la narration, c’est-à-dire les histoires racontées autour et d’après ce que nous vivons.
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Le chercheur a ensuite détaillé un fonctionnement cérébral en deux temps. Un premier système dirige nos pensées tel un pilote automatique. Il permet de nous simplifier la vie en nous faisant prendre des décisions sans effort, de façon presque inconsciente. Cela crée des habitudes mais nous empêche à la fois de comprendre les réels buts contenus dans certains de nos actes.
Dans le second système, en revanche, chaque action se précède d’une pensée consciente et délibérée. Connaître ces éléments permet évidemment de mieux expliquer nos comportements.
Au moment d’appliquer ces observations au management d’une équipe, Paul Dolan a rappelé par conséquent l’importance de demander un feedback aux collaborateurs, pour connaître également leur perception a posteriori. Pour les mêmes raisons, il a démontré qu’interroger un individu sur des intentions, quelles qu’elles soient, ne constitue pas une démarche fiable.
Psychologie positive
Le psychiatre français Christophe André, ainsi que la Belge Laurence Vanhée, figuraient également parmi les orateurs de cette demi-journée. Le premier a mentionné quelques paradigmes de psychologie positive, dont le rôle des émotions positives et de l’équilibre émotionnel ainsi que leur impact sur les performances professionnelles des travailleurs. D’où l’importance pour les sphères dirigeantes de les prendre en compte et même de les intégrer dans leur stratégie.
Laurence Vanhée, pour sa part, est revenue sur son parcours en tant que « chief happiness officer », d’abord au sein du ministère de la sécurité sociale de son pays puis à la tête de son propre cabinet de consulting, Happyformance. Elle a posé une équation qui devrait animer tout directeur de ressources humaines moderne : liberté + responsabilité = bonheur + performance.
avec bilan