Dans l’immédiat, ces jeunes entreprises ont pourtant à régler quelques problèmes plus pratiques, comme imaginer des moyens moins intrusifs et déjouer les blocages antipubs qui se multiplient, en particulier chez les millennials devenus totalement “adlergics”. “La publicité est mieux acceptée quand elle rend service”, souligne Marc Leprat, fondateur de ViewPay qui permet à l’internaute de débloquer un contenu payant en visionnant une vidéo. Mais les lieux bien réels, pour peu qu’ils soient insolites, n’ont pas dit leur dernier mot.

Slogans sur trottoirs

La pub qui ne laisse pas de trace ? C’est le pari de la régie lyonnaise Biodegr’AD, qui a réalisé près de 500 opérations en cinq ans (SFR, SNCF, Dolce&Gabbana…). Créée par trois passionnés de street art, elle propose deux techniques : un pochoir et de l’eau sous pression qui décape le sol et fait apparaître un message; ou une projection de poudre de craie. Sur 2 mètres carrés, ces pubs visent des lieux stratégiques (bornes de vélo, arrêts de bus, stations de métro, résidences étudiantes…). Sachant que, selon Guillaume Pâris de Bollardière, cofondateur, “seuls 5% des trottoirs ont de l’asphalte noir et lisse”, cela représente environ 15.000 emplacements. Ces pubs qui ne laissent pas de trace en laissent bien une chez les passants, 50% parvenant à les mémoriser.

La “pause-pipi” monétisée

En créant Little Corner en 2014, Efraim Clam a réussi une percée originale dans le monde encombré de l’affichage. Son principal atout est d’atteindre avec précision une audience captive dans les toilettes des lieux publics. Et pour cause : avec un passage de 45 secondes à 1 minute au petit coin, les clients peuvent visionner trois publicités. “85% de ceux que nous touchons se souviennent du contenu qu’ils ont vu en quittant les lieux”, affirme le jeune fondateur de la société (photo ci-dessous).

©SP. Efraim Clam, créateur de Little Corner.

Avec déjà 2.000 écrans installés dans 700.emplacements haut de gamme (salles de concerts, cafés, bars, restaurants chics), la “pause-pipi” est bien monétisée. L’annonceur paie 3 centimes en moyenne si le spot de 10 secondes a été vu en entier, une somme que Little Corner partage avec le propriétaire.

Les vitrines redeviennent une valeur sûre

Votre vitrine a de la valeur, dit Message In A Window aux commerçants. Depuis trois ans, cette plateforme propose aux marques 30.000 vitrines de magasins, hôtels ou restaurants pour décliner leurs campagnes. Elle s’occupe de tout, depuis la réservation des vitrines et leur décoration jusqu’aux indicateurs de performance des pubs. Le commerçant y gagne un petit revenu, sa vitrine est animée et il peut augmenter ses ventes si la marque est présente dans son magasin – de 20 à 20.000% sur une campagne de spiritueux, affirme la start-up. “Nous mesurons notre impact en comptant, à l’aide de capteurs, les mobiles passés devant la vitrine”, confie Hélène Bouchard, directrice du marketing. Le coût de réservation (hors habillage) varie de 60 à 500 euros par semaine, selon la taille et l’emplacement.

Message In A Window

Si tu veux lire, choisis ton spot

Seuls 7% des internautes français ont payé pour consulter du contenu éditorial en 2016. Pour contrer ce phénomène, ViewPay a inventé l’”advertpayment”, sponsorisé par un annonceur, qui permet d’accéder gratuitement à un contenu payant ou réservé aux abonnés, en visionnant une publicité. “L’avenir de la pub passe par le consentement plutôt que dans le vol de l’attention de l’internaute”, estime Marc Leprat, le fondateur de la start-up. Grâce à ViewPay, le lecteur accepte d’abord de voir une pub. Puis il choisit une publicité parmi trois proposées et accède au contenu à la fin de la vidéo. ViewPay annonce un chiffre d’affaires en croissance de 50% au premier trimestre par rapport à l’an dernier.

Financer la création en visionnant une pub

Les créatifs se multiplient sur le Web… mais pas leurs revenus, les réseaux sociaux redistribuant très peu leurs gains. C’est pourquoi uTip (comme tip, “pourboire”) a conçu un système où la publicité choisie finance les créateurs. La plateforme met à leur disposition une page personnelle, à laquelle chacun d’entre eux peut renvoyer depuis YouTube ou Twitter. Pour la rémunération, l’internaute choisit de payer en ligne, de miner une cryptomonnaie ou de regarder une pub de trente secondes. A chaque vue, le créateur perçoit 5 centimes d’euro. “Nous inversons la relation à la publicité et privilégions une relation fondée sur la responsabilisation”, résume Adrien Mennillo, le fondateur (photo ci-dessous). Et les annonceurs sont certains que leur publicité sera vue. uTip compte déjà une centaine de créateurs et un millier sur liste d’attente.

©SP. Adrien Mennillo a fondé uTip.

Annonces de proximité

Les antipub papier vont être contents. A l’heure où les prospectus pèsent 70% des dépenses en communication des magasins, Armis les transforme en publicité numérique diffusée autour de chacun d’entre eux. “Les magasins achètent des pubs sur Google, Facebook et d’autres sites, diffusées localement et personnalisées grâce à une intelligence artificielle qui choisit quel produit “vendre”, à quel moment de la journée et sur quel média”, indique David Baranes, cofondateur. Un procédé rendu possible par la géolocalisation et les automates capables de générer de la pub ponctuellement. Selon Armis, qui sert une vingtaine de clients, dont Carrefour, Leclerc et Leroy Merlin, cette communication “multilocale” permettra aux magasins de résister à la vague de l’e-commerce.

Avec capital