Dans une quête de plus d’efficacité de sa politique monétaire, la BEAC a procédé à des réformes monétaires au début des années 1990. Ces mesures se sont traduites, entre autres, par l’institution du marché monétaire en 1994 comprenant deux niveaux en vue d’une régulation optimale de la liquidité bancaire, le compartiment interbancaire et le compartiment des interventions de la Banque Centrale.
Une vingtaine d’années plus tard, le dispositif mis en place ne répondait toujours pas aux problématiques auxquelles la BEAC a été confrontée.
Afin d’améliorer l’efficacité de la politique monétaire et l’approfondissement du système financier, tout en assurant une veille permanente en matière de stabilité financière, la BEAC a entrepris en 2013 une nouvelle réforme de sa politique monétaire, portant sur les volets institutionnel, stratégique, analytique et opérationnel.
Les limites du dispositif ancien portaient principalement sur :
– La gestion de la liquidité bancaire ;
– La nature des procédures d’utilisation des instruments de politique monétaire ;
– La simultanéité des interventions de la BEAC sur le marché monétaire.
Concernant le volet opérationnel, il était question de :
– Mettre en place de nouveaux instruments adaptés aux besoins précis des établissements de crédit ;
– Abandonner le principe de double intervention de la BEAC sur le marché monétaire ;
– Restaurer la confiance entre les banques primaires à travers la pension livrée.
L’ensemble de ces mesures visent à terme à conférer plus de dynamisme au marché monétaire et donc restaurer le rôle des taux d’intérêt comme indicateurs du coût de la liquidité dans la zone.
Ces réformes ont abouti à l’instauration d’un nouveau cadre opérationnel de la politique monétaire de la BEAC en 2018. Les innovations introduites portent essentiellement sur :
– Le dispositif de gestion du collatéral (catégories d’actifs éligibles et de décotes associées) ;
– Les instruments et modalités d’intervention sur le marché monétaire ;
– Les méthodologies de fixation des volumes d’intervention ;
– Les réserves obligatoires ;
– Le dispositif de collecte des données, d’analyse et d’animation du marché monétaire par la Banque Centrale.
La réorganisation des instruments d’intervention de la BEAC a abouti à plus de cohérence entre eux et à une meilleure prise en compte des différents problèmes de liquidité, à travers notamment : (i) la modernisation de l’opération principale de refinancement, (ii) l’instauration des opérations de réglage fin, (iii) des facilités permanentes (prêts et dépôts), (iv) des opérations de plus longues maturités (1,3,6,9 et 12 mois) et, enfin, (v) des opérations structurelles (achats/ventes temporaires ou fermes de titres et émission de bons BEAC).
Quant aux volumes d’intervention, ils sont dorénavant déterminés suivant l’évolution de la liquidité du système bancaire appréhendée à travers ses facteurs autonomes, le mécanisme des objectifs de refinancement par pays ayant été supprimé.
La nouvelle stratégie de politique monétaire consiste désormais à piloter le taux interbancaire de référence (TIMP à 7 jours) autour du taux directeur (TIAO) et à l’intérieur d’un corridor constitué par le Taux de la Facilité de Prêt Marginal (comme taux plafond) et le Taux de la Facilité de Dépôt (comme taux plancher). Cette démarche se traduit par des interventions hebdomadaires réalisées par l’opération principale de la BEAC, à renforcer si nécessaire par des opérations de réglage fin au titre d’apport supplémentaire ou de retrait de liquidités.
S’agissant particulièrement de l’opération principale d’injection de liquidité, depuis le 11 juin 2018, date d’entrée en vigueur du nouveau cadre opérationnel, elle se fait désormais par appel d’offres à taux multiples. Contrairement aux appels d’offres à taux fixe pratiqués antérieurement dans la limite des objectifs de refinancement nationaux, cette technique d’adjudication présente l’avantage d’inciter les établissements de crédit à dynamiser la gestion de leur trésorerie.
Étant donné que le volume proposé hebdomadairement est révisable d’une semaine à l’autre, cette approche est plus exigeante en matière de prévisions de liquidité. En rendant les acteurs de marché plus sensibles aux orientations de la politique monétaire, cette démarche devrait permettre le recyclage, entre ces derniers, des ressources oisives et contribuer au développement du marché interbancaire.
Dans l’ensemble, les changements introduits dans le nouveau cadre opérationnel de la politique monétaire de la BEAC modernisent ses instruments et créent des conditions pour l’amélioration de l’efficacité de sa politique monétaire et du développement du secteur financier sous régional afin de le mettre au service de la diversification des économies de la CEMAC.
Source: BEAC