Annie Nyaga se tient debout dans son champ de pastèques dans le district de Mbeere, à 200 kilomètres de Nairobi. Son champ est entouré de rangées de plants verts, ainsi que de quelques rares arbres qui procurent de l’ombre à ses pastèques.
La femme de 29 ans est unique à plusieurs égards. En effet, c’est une productrice de pastèques prospère une gérante d’entreprise et la responsable de la 4-H Kenya Foundation, une organisation qui permet aux jeunes de se prendre en charge grâce à l’agriculture. Elle est également titulaire d’un diplôme en biomédecine de l’Université d’Egerton.
Elle a décidé de travailler sur le terrain, plutôt que de travailler dans un bureau, car elle s’est rendu compte qu’il était possible pour les agriculteurs de gagner de bons revenus. Elle suit les traces de ses parents qui étaient eux aussi agriculteurs.
Mme Nyaga a démarré son activité agricole sur l’exploitation agricole de trois acres de ses parents, avec un prêt de 20 000 shillings kényans (200 $US). Ce prêt lui a permis d’acheter des semences.
Elle fait germer les semences de pastèques dans une pépinière avant de transférer les semis sur la ferme trois semaines plus tard. Elle déclare : « Tout le processus, de la pépinière à la période de récolte, s’étale sur environ trois mois, en fonction des conditions climatiques et de la variété de pastèques, car certaines variétés mûrissent rapidement. »
Mme Nyaga affirme avoir choisi les pastèques parce qu’elles poussent bien dans sa région et se vendent à un bon prix. Elle peut récolter de 3 000 à 4 000 kilogrammes de pastèque par acre. Une pastèque d’un kilogramme coûte entre 15 et 35 shillings kényans (0,15 $-0,35 $US) environ.
Les pastèques ont besoin de beaucoup d’eau, surtout lorsque les fruits commencent à se former. Mme Nyaga conseille aux gens de mettre en terre les semences deux ou trois semaines avant le début de la saison pluvieuse pour leur permettre de profiter de la pluie, car les systèmes d’irrigation coûtent cher.
Elle explique : « Un système d’irrigation goutte-par-goutte coûte 200 000 shillings (2 000 $US) par acre. Il n’est pas certain que plusieurs agriculteurs disposent d’une telle somme. »
Selon Mme Nyaga, l’argent constitue un obstacle majeur pour les agriculteurs qui veulent démarrer ou développer leurs entreprises, surtout les agricultrices. Elle affirme que sa famille et son mari l’ont soutenu dans sa nouvelle entreprise commerciale, mais qu’il est généralement difficile pour les femmes d’avoir accès à la terre et aux capitaux. Elle ajoute : « Les femmes sont toujours considérées comme un investissement « risqué », et ce, malgré les faits qui démontrent que les femmes remboursent plus souvent leurs dettes que les hommes. »
Le gouvernement kényan a créé des ressources pour les entrepreneurs, y compris le Fonds de l’entrepreneuriat féminin, le Fonds pour les jeunes kényans et certaines possibilités de formation.
L’accès au capital n’a été qu’un des défis qu’a dû relever Mme Nyaga quand a démarré son entreprise agricole. Elle s’est également butée contre les intermédiaires malhonnêtes, la difficulté de trouver des semences authentiques et le coût élevé des intrants.
Toutefois, Mme Nyaga possède désormais une entreprise très prospère dénommée Farm2Home (Du champ à la maison) qui livre directement les pastèques aux domiciles des clients. Le slogan de la société « Connaître votre agriculteur, c’est connaître ce que vous mangez » illustre son engagement à offrir des aliments locaux de bonne qualité et sains.
Elle explique : « Nous nous efforçons de produire nos cultures en ayant à l’esprit la sécurité et la santé de nos consommateurs. L’hygiène sur la ferme est prééminente dans notre processus de production, et nous mettons un accent particulier sur l’utilisation sécuritaire des produits chimiques, l’hygiène et la livraison au marché. »
Mme Nyaga encadre maintenant des jeunes qui s’intéressent au secteur agricole par l’entremise des 4-H clubs qui initient les jeunes à l’agriculture, à un mode de vie sain, la science et la citoyenneté. Son but est de changer la perception des jeunes selon laquelle l’agriculture est une activité de pauvres. Elle déclare : « Nous les exhortons à ne pas tenir compte des problèmes que comporte l’agriculture, mais de voir les possibilités qu’offre ce secteur. »
avec wire.barza