Tristant Kochoyan n’est ni ingénieur, ni travailleur humanitaire. Depuis 2012, cet ancien élève d’HEC a pourtant consacré tous ses efforts à développer une solution d’approvisionnement électrique dans un village isolé du centre du Bénin. « À la fin de mes études, je voulais porter un projet qui ait du sens, dans le domaine de l’économie sociale. Je connaissais un peu la question de l’approvisionnement en électricité et ma motivation était de trouver une réponse à ce problème qui peut paraître anachronique aujourd’hui », explique le cofondateur de Power:On.
Igbérè : village pilote
Le jeune homme fait alors fructifier les contacts noués lors de séjours humanitaires au Bénin. Louise, une de ses amies béninoises, s’associe avec lui et se met en quête du lieu parfait pour lancer leur projet. « On avait établi quelques critères simples : un village de 100 à 150 foyers, suffisamment éloigné du réseau pour ne pas être raccordable », poursuit Tristan Kocohoyan. Ce sera Igbérè dont les 3 000 habitants vivent à près de 40 kilomètres des dernières installations électriques.
Après avoir défini le profil des consommateurs potentiels et leurs motivations, l’équipe investit dans une centrale diesel susceptible d’alimenter le village de 19 heures à minuit. « Pour des raisons de budget, dans un premier temps, on ne pouvait pas utiliser des structures photovoltaïques. Afin de réduire l’impact sur l’environnement, on a donc décidé de ne la faire tourner que cinq heures, au moment où il fait nuit et où les usages sont encore importants », confie Tristan Kochoyan. Démarrée en 2015, l’installation connaît un tel succès qu’elle génère aujourd’hui une demande de plus en plus importante en journée.
Des prix divisés par trois
Le laboratoire d’Igbérè doit donc grandir afin de valider son potentiel. La première partie du projet (70 000 euros) a été financée grâce aux fonds privés récoltés par Tristan auprès de sa famille et de ses amis. Désormais, la start-up veut installer des panneaux solaires pour se diriger vers un mix énergétique de plus en plus « vert ». Financement participatif, partenariat… Le jeune entrepreneur n’a donc pas ménagé ses efforts et devrait avoir bouclé une levée de fonds d’ici la fin de l’année.
Reste à affiner le modèle économique du projet. Aujourd’hui, Power:On fonctionne grâce à ses clients béninois qui payent l’accès à l’électricité grâce à des forfaits prépayés, adaptés à leurs besoins. « C’est un moyen simple pour faire comprendre l’intérêt économique du projet. Les villageois disposaient déjà de solutions très coûteuses, comme les lampes à huile où les piles. Aujourd’hui, cinq heures d’éclairage et une recharge de téléphone leur revient à moins de 10 centimes d’euros, tandis qu’auparavant, il fallait en dépenser 30 pour une seule recharge », détaille Tristan Kochoyan.
Ce gain financier amène surtout une meilleure qualité de vie et un développement de l’activité commerciale du village. L’expérience d’Igbérè pourrait donc se dupliquer ailleurs, d’autant que la réglementation béninoise devrait assouplir progressivement le monopole d’État sur la distribution d’électricité afin de favoriser le développement des systèmes hors réseau comme celui de Power:On.
Avec la tribune afrique