Motivé, motivé, il faut les motiver… Nous avons demandé à 11 managers de nous raconter comment ils s’y prennent le matin pour booster leur équipe. Témoignages.
Chloé Fournier, fondatrice et CEO de Welkeys, équipe de 6 personnes
Un meeting 15 minutes chrono
« Entre 9h30 et 9h45, on se réunit autour d’un café et on fait le tour des sujets du jour à traiter. Je fais un point sur les résultats en cours, en toute transparence. Chacun peut ainsi se situer dans les niveaux de performance mais je ne cite aucun nom. Nous sommes une équipe. La parole est libre, tout le monde peut s’exprimer s’il le souhaite mais personne n’est contraint de le faire ».
Denis Houdet, directeur de Cuponation, équipe de 25 personnes
Un quart d’heure de déconne maîtrisée
« Quand j’arrive le matin, je vais systématiquement voir les managers de nos trois divisions. J’en profite au passage pour lancer une petite blague à l’équipe. C’est capital de les faire marrer. Hier, j’ai plaisanté sur le fait que l’un de nos collaborateurs les plus baraqués se soit fait sévèrement taclé par une fille toute fine lors d’un match de foot contre une autre start-up. Et puis, tous les jours, on s’accorde un quart d’heure de « déconne maîtrisée ». On a 15 minutes pour faire n’importe quoi. En ce moment, on fait des batailles de Nerf, ces pistolets avec des fléchettes en mousse. Le coup d’envoi est donné par un cri « quart d’heure Nerf », là on met tous nos lunettes de protection, je déclenche le timer et c’est parti. Au bout de 15 minutes, je siffle la fin de la récré. Dans les deux heures suivant ce moment de folie, le silence règne et la productivité augmente ».
Dominique Brogi, présidente de Meetphone, équipe de 15 personnes
Un intérêt pour les problématiques perso
« Je suis souvent la première donc j’attends que tout le monde arrive pour lancer un bonjour général. Ensuite, on se réunit rapidement pour faire un point sur ce qui a bien marché la veille et ce qui a moins bien fonctionné. Pour une réussite, je demande des applaudissements et je ne manque jamais de remercier le collaborateur et/ou l’équipe concerné. On partage aussi les moins bonnes nouvelles. Si quelqu’un est défaillant, il doit comprendre qu’il met tout le monde en danger. Donc on parle aussi des échecs en toute transparence. Passé cette mise au point express, je prends à part les collaborateurs qui auraient des problématiques plus personnelles. Par exemple, je leur demande s’ils ont finalement obtenu leur appart, si le rendez-vous médical de la veille s’est bien passé…. Je m’intéresse sans m’immiscer dans leur vie perso quand même ».
Hervé Kabla, président de Be Angels, équipe de 40 personnes
Un accueil pour les mettre à l’aise
« Tous les matins, je suis le premier dans les locaux afin d’accueillir l’équipe. Cela commence par un sourire et un bonjour à chaque collaborateur. Ensuite, sans m’imposer, je me fonds dans un petit groupe entrain de prendre le café. Là, on parle de sujets intéressants mais pas directement connectés au business. L’Euro de foot, le Brexit, la déco de nos nouveaux locaux… Le café doit rester un moment de détente et ne pas remplacer une réunion. Donc durant le temps d’accueil, en général entre 9h et 9h30, on ne rentre pas dans le « dur ». Certains collaborateurs ont parfois 45 minutes difficiles de transport en commun, ils doivent pouvoir souffler avant de bosser. L’accueil du matin doit les mettre en confort pour le reste de la journée. Je veux à tout prix éviter ce que j’ai connu dans une précédente vie professionnelle, accueillir les salariés avec un mail envoyé la veille entre 23h et 1h du matin ou dès 6h, pour donner des injonctions. Je veille également à la tonalité de ma voix. Pas de stress, pas de rythme saccadé susceptible de générer une accélération du rythme cardiaque chez mes interlocuteurs. Exit l’agressivité, on discute entre adultes. Après l’accueil matinal, soit on enchaîne les réunions, soit je vais m’asseoir près d’un salarié pour échanger avec lui. Le contact physique est important et rassurant selon moi ».
Laurent Gousset, directeur chez Evolution RH, équipe de 10 personnes
Dire bonjour à chacun en direct
« Pour bien manager une équipe, il faut bien la connaître. Pour cela, il faut créer des échanges, des interactions avec ses collaborateurs et pas que sur des questions professionnelles mais aussi élargir ces échanges à la sphère extra-professionnelle. C’est pourquoi, tous les matins, je me fais un point d’honneur à dire bonjour à chacun de mes collaborateurs de façon individuelle et personnalisée. J’échange sur leur soirée de la veille, sur le match de foot, sur le week-end qui vient de passer. Durant ces quelques minutes, je ne parle jamais de boulot, je crée du lien. Cela me permet de repérer les baisses de régime et de pouvoir avoir un mot d’encouragement quand il le faut. Cet échange est un bon moteur pour créer un climat de confiance et stimuler les équipes le matin et leur permettre de se mettre au boulot en étant motivés ».
Jean-Michel Leroy, directeur de projet chez Tild, équipe de 9 personnes.
La méthode agile en guise de bonjour
« J’utilise la méthode agile Scrum, très répandue dans les boîtes d’informatique et qui permet notamment d’améliorer et de stimuler la productivité d’une équipe. Ainsi,chaque matin autour d’un café, j’organise une réunion matinale qui se fait debout pour ne pas durer trop longtemps où chacun présente son travail de la veille et son avancement sur le projet. Cela permet de se positionner chacun par rapport à l’autre, de savoir où on en est, d’avoir une vision d’ensemble et ainsi de redéfinir clairement ses objectifs. Ce point est très stimulant et très motivant pour une équipe car il permet de mesurer la progression d’un projet ce qui valorise le travail de chacun qui se sent impliqué et partie prenante de sa réalisation ».
Angélique de Taddeo, consultante manager France chez AB Tasty, équipe de 11 personnes
Positiver les mauvaises nouvelles
« Le matin, on débute par un stand up meeting de 15 minutes. En général, je fais le tour de l’open space pour signaler aux participants que c’est l’heure. On fait un tour de table où chacun dispose d’une trentaine de secondes pour tirer une bilan de la veille et des missions en cours pour la journée. Je fais la même chose et je transmets également des informations sur les soirées à venir ou les nominations. J’évite d’accabler l’équipe dès le matin. Donc, je reformule systématiquement positivement les mauvaises nouvelles. Notre récent déménagement a débouché sur un mélange des équipes ce qui a été déceptif pour certains. J’ai positivé en insistant sur le fait que c’était l’occasion d’apprendre des autres, qu’il s’agissait d’un test de trois mois et qu’en cas de problème, on saurait s’adapter. Si un participant insiste sur un sujet négatif, je lui indique que je le verrai en aparté afin d’éviter que la mauvaise humeur ne se propage dans le reste de l’équipe ».
Florent Bouvier, vice-président chez CGI Grand-Est, équipe de 20 personnes
Discuter le matin fait partie du job de manager
« L’ambiance est un moteur important et il en est de notre responsabilité de manager de l’entretenir. Le matin, j’essaie d’arriver tôt avant tout le monde. 3 jours sur 4 environ, j’apporte des viennoiseries ou des gâteaux. Si j’arrive le premier, je les laisse dans mon bureau et, au fur et à mesure de leur arrivée, mes collaborateurs viennent s’y servir et boire un café. Si j’arrive plus tard, je les dépose dans la « box café ». La veille, je réfléchis en général à des « small talks » pour le lendemain matin. Ça peut être un film, un match, un truc drôle… j’aime rigoler au bureau et je ne suis pas le dernier à me moquer de moi-même. Sauf demande express d’un collaborateur, je m’interdis de parler boulot durant la phase d’accueil. Quand j’ai pris mon poste de manager, je trouvais un peu déroutant de passer autant de temps à parler avec l’équipe le matin. Mais au final, j’ai compris que cela faisait partie du job. Ainsi, les gens sont bien dans leur tête, plus détendus et donc plus épanouis et efficaces. Vers 9h30, tout le monde est à son poste de travail mais la porte de mon bureau reste toujours ouverte ».
Dimitri Farber, directeur marketing et partenariats de Tiller, équipe de 26 personnes
Traduire les objectifs en commission
« Tous les matins à 8h30, on fait un point au bureau avec toute l’équipe des commerciaux. Nous, on ne fait pas un bilan de la veille mais on parle objectif à réaliser dans la journée. S’il reste un jour pour tenir le cap, on peut même crier une phrase du genre « Allez, on y va là. Vous pouvez le faire, vous l’avez déjà fait ». On leur rappelle le rêve de l’entreprise et le fait qu’ils en sont le cœur névralgique. On met également en avant les meilleurs performers (« suivez-les, faites comme eux ») afin que les autres s’inspirent d’eux. On n’hésite pas non plus à traduire les objectifs à atteindre en montant de leur commission. « Si vous continuez comme ça, le CA sera de tant et donc votre commission avoisinera les xxxx euros. Ce type de discours lance en général assez bien la journée ».
Hervé Morandi, directeur d’Ouestotel, équipe de 24 personnes
Responsabiliser et faire confiance
« Chaque matin après avoir dit bonjour à chacun de mes collaborateurs, nous prenons un café tous ensemble. Ce moment amical est l’occasion d’échanger de façon informelle avec eux et de les encourager à prendre des initiatives. Motiver son équipe passe par sa responsabilisation et la confiance : appuyer l’idée d’un collaborateur et lui proposer de la tester, missionner un autre sur un petit projet qu’il sera seul à gérer, donner son propre espace d’action à chacun ; des petits gestes pas si anodins que cela puisqu’ils donnent des objectifs et motivent les personnes et créent une dynamique positive dans l’entreprise ».
avec cadremploi