Les banques étrangères peuvent désormais détenir 100 % du capital de groupes financiers chinois, contre 20 à 25% jusqu’ici.
Soucieux de donner des gages en pleine guerre commerciale avec les Etats-Unis, le président chinois Xi Jinping officialise ses promesses de réciprocité. Jeudi, la commission de régulation du secteur financier a donné son feu vert aux banques étrangères pour monter à 100 % dans le capital des géants financiers de l’Empire du milieu.
La mesure attendue depuis janvier 2017 donne accès aux grands noms de la finance américaine et européenne à un marché bancaire de 40 trilliards de dollars. Selon les simulations de Bloomberg, les groupes bancaires étrangers pourraient ainsi multiplier par dix leurs revenus d’ici à 2030. Jusqu’ici, ils étaient cantonnés à des participations de 20 à 25 % au capital des sociétés financières chinoises.
JP Morgan et HSBC en lice
La libéralisation du secteur du courtage et de l’assurance-vie s’opérera, elle, à un rythme plus lent : les acteurs étrangers pourront monter en position de contrôle à 51 % du capital, mais il leur faudra attendre 2021 pour être pleinement propriétaire.
Pour l’heure, aucune banque étrangère ne s’est risquée à déclarer qu’elle lancerait de grandes manoeuvres dans la finance chinoise. Nomura, UBS et JP Morgan , la première banque américaine par les actifs, ont demandé l’autorisation de créer des « joint-ventures » avec des partenaires locaux, en particulier dans le secteur du courtage, ainsi que le japonais Daiwa Securities. La Bank of Communications est également prête à faire monter davantage à son capital HSBC.
Les titres des banques chinoises à la fête
Les investisseurs y ont de fait d’abord vu une bonne nouvelle pour le secteur financier chinois. La plupart des grands groupes de l’Empire du milieu ont vu leur titre grimper à l’annonce : le titre Bank of Communication a pris 2,2 %, sa plus forte hausse en un mois, tandis que l’action de l’assureur Ping An a grimpé de 7,6 %.
Le secteur financier chinois a de fait peu à craindre de la concurrence des grands acteurs internationaux. Les banques étrangères détenaient en 2016 à peine plus de 420 milliards de dollars d’actifs en Chine, soit pas plus que 1,3 % de parts de marché, selon la Commission de régulation chinoise. L’an dernier, elles ont dégagé 12,8 milliards de yuans de profits, soit moins de 2 milliards de dollars, l’équivalent de 1 % des bénéfices dégagés par leurs contreparties chinoises…
Poussées des créances douteuses
Cette ouverture intervient en outre au moment où le secteur financier chinois est sous tension. Yu Xuejun, un officiel de cette même commission de régulation, a déclaré le même jour dans un forum à Pékin, qu’il fallait s’attendre à « une poussée des volumes de créances douteuses dans les mois qui viennent. La réserve fédérale américaine qui continue de resserrer sa politique monétaire et la guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis mettent sous pression le Yuan ».
Avec lesechos