Jeune Afrique révèle en exclusivité les détails de la transformation du groupe de Moulay Hafid Elalamy, Saham, qui seront annoncés ce jeudi. Une évolution historique après huit ans de présence sur le continent.
Le groupe de Moulay Hafid Elalamy, Saham Group, annoncera, ce jeudi 8 mars, la cession de son pôle assurances, Saham Finances, au géant sud-africain, Sanlam, présent dans son tour de table depuis trois ans. Ce dernier augmentera sa participation dans le capital pour passer de 46,6 % à 100 %, aux termes d’un accord conclu ce mercredi 7 mars.
Cette acquisition, d’un montant de 1,05 milliard de dollars, a nécessité un an de négociations, entièrement menées par les équipes de Saham Group. À la manœuvre, Nadia Fettah, directrice générale de Saham Finances, la filiale qui regroupe les activités d’assurance, d’assistance et de crédit à la consommation du groupe, et Raymond Farhat, conseiller du fondateur de Saham, Moulay Hafid Elalamy, aujourd’hui ministre du Commerce et de l’Industrie.
Rapprochement politique
Avec cette opération, le sud-africain Sanlam, premier groupe d’assurance en Afrique avec un chiffre d’affaires de 6 milliards de dollars, réalise une des plus belles opérations sur le continent qui lui permettra de renforcer son positionnement aussi bien en Afrique du Nord qu’en Afrique de l’Ouest.
LE MAROC ET L’AFRIQUE DU SUD SONT EN FROID DEPUIS QUE CETTE DERNIÈRE A RECONNU LA RÉPUBLIQUE ARABE SAHRAOUIE DÉMOCRATIQUE (RASD) EN 2004
C’est aussi le signe d’un rapprochement politique entre Rabat et Pretoria. L’actionnaire de Sanlam, Patrice Motsepe – quatrième fortune d’Afrique du Sud, selon le dernier classement du magazine Forbes – n’est autre que le frère de Tshepo Motsepe, l’épouse du président Cyril Ramaphosa.
Le Maroc et l’Afrique du Sud sont en froid depuis que cette dernière a reconnu la République arabe sahraouie démocratique (RASD) en 2004. Ils ont entamé leur rapprochement en novembre 2017 après une rencontre entre le roi Mohammed VI et l’ancien président sud-africain Jacob Zuma. Ces derniers avaient alors convenu de la désignation prochaine d’ambassadeurs. Au delà de son aspect business, le deal Saham/Sanlam permettra donc aux Marocains d’inaugurer de nouvelles relations avec l’Afrique du Sud basées sur « le pragmatisme économique ». Le 16 février, au lendemain de l’élection de Cyril Rampahosa, Mohammed VI lui a envoyé une lettre de félicitations plaidant pour l’ouverture « d’un nouveau chapitre de coopération fructueuse » qui sera « au service des intérêts » des deux pays et « du développement du continent africain ».
D’un holding à un fonds d’investissement
Parallèlement à son deal avec Sanlam, le marocain Saham annoncera ce jeudi sa transformation en fonds d’investissement panafricain, après huit ans de présence sur le continent (35 compagnies d’assurances dans 26 pays). Une étape historique pour le groupe. Selon nos sources, le fonds pourrait être doté de plusieurs milliards de dollars à terme. Des cibles sont en cours d’examen et des acquisitions de premier plan seront annoncées au cours de cette année.
Pour permettre sa transformation en fonds d’investissement, le groupe Saham a procédé à la simplification de son actionnariat en rachetant les 13,3 % que détient le groupe français Wendel depuis 2013. Montant de ce rachat : 155 millions de dollars.
Selon nos sources, le rachat des parts de Wendel ouvrira la voie à un « scale-up » financier de Saham (terme signifiant qu’au moment d’un agrandissement d’une entreprise, son ticket d’entrée devient plus gros).
La touche Moulay M’hamed Elalamy
Ce jeudi, c’est le fils de Moulay Hafid Elalamy, Moulay M’hamed, directeur général de Saham Assurances, qui annoncera la transformation du groupe en fonds d’investissement lors d’une conférence de presse à Casablanca.
LE FILS DE MOULAY HAFID ELALAMY DEVRAIT ÊTRE À LA TÊTE DE CE FONDS
« Un passage de flambeau symbolique », selon nos sources, qui signifie que c’est lui qui sera porté à la tête de ce fonds qui investira dans les secteurs d’avenir.
Le fonds sera vraisemblablement tourné en partie vers le digital après l’annonce de Moulay M’hamed, il y a un mois, de la création d’une « digital factory » au sein de Saham Assurances.
Avec jeuneafrique