En six jours, l’action de Saham Assurance a perdu 14 % de sa valeur. L’annonce de la vente de son pôle Saham Finances au sud-africain Sanlam, le 8 mars dernier, ne lui a pas fait que du bien. Analyse.
La sortie de Moulay Hafid Elalamy de l’actionnariat de Saham Assurance, le jeudi 8 mars dernier, par la cession de la totalité de sa participation dans Saham Finances au groupe sud-africain Sanlam, ne semble pas plaire au marché boursier. La valeur de l’assureur n’a pas cessé de chuter depuis cette date. Cotée à 1 750 dirhams (154 euros) la veille, le 7 mars, elle s’échange seulement à près de 1 500 dirhams ce mercredi 14 mars. Une baisse de plus de 14 % en quelques jours à peine, pour un volume moyen échangé dépassant les 21 millions de dirhams.
Saham Assurance se voit donc sanctionné par le marché, alors qu’il est au centre de l’un des deals les plus importants des dix dernières années au Maroc. « C’est peut-être aussi pour cette raison qu’il a perdu autant », souligne un analyste financier de la place.
Pour bien comprendre les propos de cet acteur du marché, il faut revenir au jour de la cession de Saham Finances. Les investisseurs, actionnaires, traders et analystes ont découvert que Moulay Hafid Elalamy – par ailleurs ministre de l’Industrie, de l’Investissement, du Commerce et de l’Économie numérique – avait vendu son portefeuille dans sa filiale assurance à 1 450 dirhams l’action. « Le message que le marché a retenu, c’est que la valeur de l’action à la Bourse de Casablanca est surévaluée par rapport à sa réalité », détaille notre expert.
Soif d’informations
Généralement, quand les actions sont vendues ainsi, le prix est décidé entre les deux parties suite à une négociation. « Dans le cas de Saham Assurance, le deal qui a valu plus d’un milliard de dollars comportait d’autres participations et c’est assez logique que Sanlam achète à un prix légèrement inférieur que le cours du marché », poursuit l’analyste.
SANLAM N’A ENCORE RIEN DIT CONCERNANT CETTE ACQUISITION ET PERSONNE NE CONNAÎT SA STRATÉGIE POUR LA COMPAGNIE EN PARTICULIER
L’arrivée d’un nouvel actionnaire de référence peut, elle aussi, justifier la récente baisse. Même si le groupe sud-africain était déjà dans le tour de table, le dernier mot revenait aux équipes locales de Moulay Hafid Elalamy, ce qui ne sera plus le cas.
« Les investisseurs ont très souvent fait confiance à Moulay Hafid Elalamy et il leur a bien rendu. Maintenant ils ne savent pas comment cela va se passer avec Sanlam. Le groupe n’a encore rien dit concernant cette acquisition et personne ne connaît sa stratégie pour la compagnie en particulier », ajoute notre interlocuteur. Les investisseurs ont soif d’informations concernant l’expansion de Saham Assurance en Afrique et de sa politique de distribution des dividendes par exemple.
Le doute qui règne dans le marché concerne aussi la prochaine offre publique d’achat (OPA) que devrait lancer Sanlam dans les prochaines semaines. Cette opération pourrait même mener à un retrait de Saham Assurance de la cote casablancaise.
Lors de la conférence de presse tenue jeudi dernier, Nadia Fettah, directrice générale de Saham Finances, avait alors tenté de rassurer les investisseurs. Selon elle, les Sud-Africains veulent garder la compagnie en bourse. « Dans les prochains jours, Saham Assurance va normalement publier ses réalisations annuelles et l’on s’attend à des annonces de la part du nouvel actionnaire », conclut l’expert.