Alors que les pays francophones constituent une part croissante de ses activités, l’institution s’installe à Casablanca.
C’est un bout d’histoire de la City qui va s’exporter en Afrique. Institution londonienne remontant à 1688, le Lloyd’s va notamment lancer une offensive dans la zone de la Conférence interfaricaine des marchés d’assurances (Cima). En septembre 2017, il a annoncé la mise sur pied d’un bureau à Casablanca. L’opérateur y a obtenu le statut de Casablanca Finance City (CFC).
Celui-ci comprend – pour les opérations réalisées hors Maroc – un cadre fiscal attractif, des facilités de visas pour les expatriés et, surtout, le libre rapatriement des capitaux et devises pour les entreprises financières, les holdings ou les sièges. Avant d’opter pour la capitale économique du royaume, le groupe s’est assuré qu’il pourrait transférer ses primes vers Londres, selon nos informations.
Vieux routier du secteur, le Marocain Salah El-Kadiri va piloter cette implantation avec une vision continentale. Sa mission : promouvoir Lloyd’s en Afrique francophone. Le CFC permettant en particulier de déléguer la couverture de risques à des intermédiaires établis au Maroc.
Vincent Vandendael, directeur commercial du Lloyd’s, entend « renforcer les relations d’affaires avec les marchés d’assurances » en Afrique. Place de marché réservée à ses membres, le Lloyd’s est une entité à part. Plusieurs types d’opérateurs s’y activent : des personnes fortunées ou des entreprises d’assurance. Tous sont réunis en syndicates, où ils assurent des risques conjointement. À cela s’ajoutent des courtiers et des mandataires (coverholders).
Les secteurs énergétiques, maritimes et aériens
Le gros de l’activité africaine du Lloyd’s s’effectue dans la nation Arc-en-Ciel, où il bénéficie d’une licence. Il y génère environ 200 millions d’euros de primes par an dans les transports, la responsabilité ou l’immobilier. Et ailleurs ? Ces dernières années, selon la Fédération des sociétés d’assurances de droit national africaine, le Lloyd’s a récolté en Afrique du Nord et en Afrique de l’Ouest de 110 à 200 millions d’euros de primes annuelles, pour moitié au Nigeria. Le reste ayant été réalisé dans une dizaine de pays dont l’Algérie, le Ghana, le Maroc ou la Côte d’Ivoire.
L’essentiel est concentré dans les secteurs énergétique, maritime, aérien et autres spécialités pour clients ou projets internationaux. Au Maroc, GCube, l’un des mandataires du Lloyd’s, a ainsi couvert une part du projet de centrale solaire Noor à Ouarzazate.
Lockton, premier courtier privé au monde
En dépit des limitations de la Cima, certains de ses membres s’y intéressent de plus en plus, tout comme au continent. Avant d’être nommé délégué du Lloyd’s à Casablanca, Salah El-Kadiri y représentait Lockton. Plus important courtier privé au monde, Lockton avait obtenu le CFC en avril 2016, avec l’Afrique subsaharienne en vue.
Autre membre du Lloyd’s : Chaucer, filiale de l’américain Hanover, s’est associé en 2016 à Axa pour lancer Axa Africa Specialty Risks (ASR), basée à Maurice et comptant des bureaux au Kenya, en Côte d’Ivoire, au Maroc et en Afrique du Sud. L’offre d’Axa ASR couvre les risques politiques, le terrorisme, l’énergie, les infrastructures, l’aérien, le maritime et la responsabilité. Son patron, Mikir Shah, veut étoffer ses équipes africaines « dans un proche avenir ».
Avec jeuneafrique