Intervenant à l’occasion du lancement de la Conférence internationale « L’emploi des jeunes dans l’agriculture comme solution solide pour mettre un terme à la faim et à la pauvreté en Afrique » à Kigali, ce lundi, le directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, Graziano da Silva a appelé à exploiter l’énorme potentiel de la jeunesse africaine en vue de parvenir au développement durable, en comptant sur le potentiel « inestimable et inexploité » du secteur agricole
Le directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), Graziano da Silva, insiste sur le fait que la jeunesse africaine est essentielle pour parvenir au développement durable. Mais pense-t-il, pour mettre à profit ce potentiel, il faudra créer des emplois « y compris dans le secteur agricole », un secteur qui tend de plus en plus, à se numériser.
« Nous devons faire de notre mieux afin de rendre l’agriculture plus attractive aux yeux des jeunes. Ils doivent percevoir l’agriculture comme un secteur rémunérateur et rentable et les technologies de l’information et de la communication (TIC) jouent un rôle important dans ce sens », a déclaré le responsable.
Ainsi, le responsable estime à raison dirait-on, que le secteur agricole peut grandement aider à créer des emplois intéressants pour la jeunesse africaine.
Le secteur agricole, un potentiel inestimable et inexploité
Si Graziano da Silva recommande de se tourner vers le secteur agricole pour mettre à profit la jeunesse africaine pour parvenir au développement durable, c’est parce qu’il est convaincu qu’il s’agit d’un secteur dans lequel les opportunités ne cessent de s’accroître. Le directeur général de la FAO estime que la demande alimentaire en Afrique devrait augmenter de plus de 50% au cours des années à venir en raison de la croissance de la population, de la rapidité de l’urbanisation et des changements alimentaires tandis que les revenus par ménage devraient eux aussi augmenter.
Cette situation aura pour conséquence une demande de plus en plus importante de ressources humaines pour faire fonctionner le secteur afin de répondre à la demande. Le secteur agricole possède un « potentiel inestimable et inexploité afin de remédier au problème de chômage des jeunes mais l’on sait également que les jeunes cherchant des moyens d’existence décents dans le secteur agricole font face à de nombreuses contraintes », a déclaré Graziano da Silva.
Évoquant les conditions actuelles d’emploi dans le secteur agricole sur le Continent, le patron de la FAO a dénoncé la manière dont les jeunes sont embauchés. Ceux-ci sont employés sur une base ponctuelle ou saisonnière avec un accès limité à l’éducation et aux formations mais aussi aux finances, à l’information et aux marchés, a déploré da Silva ajoutant que dans ces conditions, ces jeunes ne participent que « très peu » aux processus de prises de décisions. « Ces contraintes deviennent un problème de fond qui empêche également les jeunes de lancer leur entreprise agricole, les poussant ainsi à migrer », a fait remarquer le directeur général de la FAO.
Préparer la jeunesse cultivatrice de l’avenir
Pour Graziano da Silva, pour être sûr de pouvoir compter sur la jeunesse africaine dans les années à venir, il faudra préparer avec elle, l’avenir. Selon lui, il faudrait « réfléchir au-delà des emplois agricoles » et explorer les opportunités d’emploi tout au long de la chaîne agroalimentaire. Le patron de la FAO estime que la demande en hausse pour des produits de grande valeur en zone urbaine offre également de nombreuses opportunités d’emplois dans le secteur de la transformation, de la distribution, et de la vente des produits alimentaires. Saisir ces opportunités nécessite « un nouveau genre de transformation rurale, ce qui implique que les zones rurales soient dotées de services basiques tels que l’éducation, la santé, l’électricité, un accès à internet, etc. Ces services représentent par ailleurs une autre source importante d’emplois, en particulier pour les femmes et les jeunes », a expliqué da Silva.
« Dans les années à venir, les activités agricoles et les emplois de manière générale nécessiteront de plus en plus de compétences numériques. Les coopératives et les autres formes d’associations représentent la meilleure manière d’apporter aux exploitants familiaux et aux jeunes professionnels une aide technique, un accès aux technologies modernes et de les aider à renforcer leurs capacités », a ajouté le responsable, assurant de la disponibilité de la FAO pour aider les pays à développer et à mettre en œuvre des cadres de travail et des services juridiques et réglementaires pour faciliter l’intégration des jeunes. Selon lui, la FAO travaillera également à organiser des formations dédiées aux jeunes et portant sur la finance, le développement et la gestion d’entreprises et les solutions financières numériques.
Notons que Graziano da Silva intervenait à l’occasion du lancement de la Conférence internationale « L’emploi des jeunes dans l’agriculture comme solution solide pour mettre un terme à la faim et à la pauvreté en Afrique », co-organisée à Kigali par le Gouvernement du Rwanda, l’Union Africaine et la FAO. Plusieurs personnalités dont Géraldine Mukeshimana, ministre rwandaise de l’agriculture et des ressources animales, Josefa Leonel Correia Sacko, Commissaire chargée de l’économie rurale et de l’agriculture de l’Union africaine et Li Yong, le Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI), ont également assisté et intervenu à l’événement.
Avec la tribune afrique