Le montant des billets de francs suisses en circulation a bondi en 10 ans, soulignant l’appétence de nos voisins pour l’argent liquide.
La fin du cash, vers laquelle souhaitent se diriger plusieurs pays, n’est sûrement pas pour demain en Suisse. Les récentes statistiques de la Banque centrale, rapportées par le site Bilan, sont en tout cas édifiantes: en dix ans, la valeur des francs suisses en circulation a doublé, pour désormais atteindre 76 milliards (67 milliards d’euros). Rapporté aux 8,5 millions d’habitants que compte le pays, chaque Suisse possède donc en moyenne quelque 9000 francs en liquide (7900 euros).
C’est bien plus que leurs voisins européens: d’après les données de la Banque de France, 1170,7 milliards d’euros en cash étaient en circulation à la fin de l’année 2017. Soit environ 3450 euros pour chacun des 340 millions d’habitants de la zone euro.
Progression fulgurante
La montant des billets libellés en euro a, certes, constamment augmenté depuis 2008, passant d’un peu moins de 800 milliards à 1170 milliards. Soit une progression d’un peu moins de 50%, bien aidée notamment par l’intégration de plusieurs pays dans la zone euro (Slovaquie, Estonie, Lettonie, Lituanie). Mais dans le même temps, le montant des francs suisses en circulation est passé de 38 milliards à 76 milliards, soit une progression de 100%.
L’appétence suisse pour l’argent liquide n’est pas nouvelle. Selon une étude de la Banque centrale, 70% des transactions sont ainsi réalisées en cash, pour 45% du montant total.
Les Helvètes n’hésitent d’ailleurs pas à utiliser de grosses coupures: les billets de 1000 francs représentent 60% du montant total en circulation, contre 15% pour les billets de 200 francs, et 15% pour les billets de 100 francs.
Possibilité de payer en grosses coupures
Pourquoi donc posséder autant de cash? “L’accroissement de la circulation des billets reflète en partie la croissance économique, selon la Banque nationale suisse, qui indique “que la forte proportion de grosses coupures démontre qu’elles sont aussi largement utilisées comme réserve de valeur”.
Les autorités, elles, ne semblent pas pressées d’enrayer le phénomène. Les nouvelles règles contre le blanchiment d’argent, entrées en vigueur en 2016, permettent toujours aux Suisses de payer leurs achats en espèces, tant que ceux-ci ne dépassent pas 100.000 francs (88.000 euros).
Avec bfm