Prévue depuis 1996 dans la constitution et fruit de la tripartite, la décentralisation reste un serpent de mer du moins ses effets directs sont flous à cause du rôle trouble joué par les fonctionnaires tapis à la présidence qui n’ont pas voulu céder leurs privilèges.
Le réaménagement du gouvernement du 02 mars qui a conduit à l’éclatement de l’ancien Ministère de l’administration territoriale et de la décentralisation (Minatd) en deux départements donc celui de l’administration territoriale et celui de la décentralisation (Minat) et du développement local (Mindevel) n’a toujours pas résolu le problème.
L’organigramme récemment rendu public et en attendant l’affectation du personnel ne font que démontrer la mauvaise foi des acteurs impliqués dans la matérialisation de la décentralisation telle que souhaitée.
Le processus lancé en 1996 a eu du mal à voir le jour parce que plombé dans les tiroirs de certains fonctionnaires. La seule rédaction des textes a fait plus de 07 ans avec la consommation des fonds alloués pour les besoins de la cause. Lorsque ces textes sont repartis au premier ministère, ils ont encore sommeillé pendant plus de 09 années pour seulement la relecture et la mise en forme avant d’aboutir finalement à la création d’un ministère pour l’instant désossé.
Volonté politique
Le bal a été lancé avec Marafa Hamidou Yaya arrivé à la tête du Minatd, mais le temps est passé, le transfert des compétences n’a pas été effectué. Les membres du gouvernement n’ont pas donné l’impression d’adhérer à la donne, le transfert des compétences n’a été que de manière sommaire. Personnes n’acceptent céder un quelconque pouvoir à quiconque, surtout les juteux marchés à propos du développement local.
Lorsque Réné Emmanuel Sadi devient patron de l’At, l’occasion a encore été donnée d’étudier et d’évaluer les compétences des magistrats municipaux, les questions des finances et des faveurs réservées aux exécutifs communaux. L’ouverture sur le Cameroun. Une autre mouture a été retenue et renvoyée à la présidence de la République où le tâtonnement règne en maitre absolu.
Les responsables en charge de cette question au Palais de l’unité tirent les ficelles pour que longtemps dure l’attente. Le terme « progressivement » définitif est évoqué à chaque fois que l’on demande pourquoi certains départements ministériels trainent la patte. L’on comprend aisément que la volonté politique n’y est pas et que les décideurs centraux et ses lieutenants ne veulent pas bouger d’un pouce.
Le martyr d’Elanga Obam
La charrue est toujours avant les bœufs et le système est presque grippé au point où une simple disposition contenue dans la loi fondamentale n’est pas imprimée parce que l’administration est animée d’un zèle offusquant à la clé les bénéficiaires de ces mesures. La suite n’est que récriminations et lamentations au sein de la population qui a du mal à toucher du doigt les retombées du fruit commun mais surtout de la croissance en termes de répartition des fruits de la croissance.
Cette population se voit donc sevrée du développement ainsi que de la possibilité de sanctionner les dirigeants véreux sur la base de leur mandat car l’on dira que c’est Yaoundé qui décide de tout, même de la mise à la disposition du peuple des adductions d’eau potable et même de la réalisation de certains projets sur la base des désirs de base.
George Elanga Obam a du pain sur la planche. Le nouveau ministre de la Décentralisation et du développement local doit mouiller le maillot parce qu’il est piégé dans ce traquenard que le souverain vient de lui tendre. Il devra tordre le cou à la façon de faire de ses collègues membres du gouvernement qui jusqu’ici refusent de faire une mise à jour pour cet impératif catégorique.
Avec camerouweb