Seuls huit pays d’Afrique subsaharienne figurent parmi les 100 premiers pays du dernier Indice mondial de l’innovation [Global Innovation Index – GII), publié le mois dernier (10 juillet).
Le GII mesure les composants des contributions à l’innovation tels que le capital humain, la recherche, la sophistication des entreprises et les résultats de l’innovation.
Selon le classement, publié par l’Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle (OMPI), l’Université Cornell aux États-Unis et l’Institut Européen d’Administration des Affaires (INSEAD), une école internationale de commerce, les 100 principaux pays innovateurs comprennent le Botswana, le Kenya, Maurice, la Namibie, le Rwanda, le Sénégal, l’Afrique du Sud et la Tanzanie.
Parmi les 126 pays classés, huit pays africains figurent parmi les dix pays les moins performants : le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée, le Niger, le Nigéria, le Togo et la Zambie.
Les deux autres pays les moins performants sont la Bolivie et le Yémen. Le rapport a inclus 29 pays africains en tout.
Bruno Lanvin, corédacteur en chef du GII 2018 et directeur exécutif des indices mondiaux de l’INSEAD, a déclaré à SciDev.Net que les données du rapport provenaient des gouvernements, par l’intermédiaire de leurs ministères, instituts de statistiques et sources publiques et privées respectives.
“Le thème de 2018 – dynamiser le monde avec l’innovation – résonne bien avec tout ce qui concerne des écosystèmes d’innovation performants dans le domaine de l’énergie”, affirme Bruno Lanvin, ajoutant que l’index favorise et mesure ces performances, en capturant des facettes multidimensionnelles de l’innovation, en fournissant une base de données riche d’indicateurs détaillés pour différentes économies.
“Les gouvernements africains ne donnent pas la priorité à la collecte et au traitement d’informations sur l’innovation par les agences de statistiques et les ministères compétents pour collaborer à une meilleure mesure de l’innovation.”
Bruno Lanvin, INSEAD
“L’IIG ne couvre pas un nombre sélectionné d’économies qui ne déclarent pas suffisamment de données officielles liées à l’innovation, car cela conduit à des résultats biaisés”, explique-t-il. “Les pays sont davantage incités à mesurer correctement l’innovation et à communiquer des données comparables. Dans ce cas, les gouvernements africains ne donnent pas la priorité à la collecte et au traitement d’informations sur l’innovation par les agences de statistiques et les ministères compétents, pour collaborer à une meilleure mesure et évaluation de l’innovation dans leurs pays.”
Bruno Lanvin attribue les bons résultats des pays les plus performants au rôle de leurs gouvernements.
“L’une des principales raisons de cette performance est généralement la poursuite constante d’un programme d’innovation au fil du temps aux plus hauts niveaux politiques. Cela se traduit alors par une amélioration des intrants et des résultats de l’innovation, telle que mesurée dans le GII”, explique-t-il encore.
Le GII montre également comment certaines économies sont considérées comme des innovateurs efficaces, ce qui signifie qu’elles maximisent les rendements, avec de petites innovations. Par exemple, alors que le Kenya se classe 78e dans le classement mondial de l’innovation, son classement en matière d’efficacité de l’innovation est de 41.
Selon Bruno Lanvin, les pays africains les plus susceptibles d’apporter des contributions significatives à l’innovation dans un avenir proche, qui pourraient les placer parmi les meilleurs au monde, s’ils continuent de soutenir les budgets de l’innovation et de déclarer ces innovations, sont le Botswana, le Kenya, Maurice, le Mozambique, le Rwanda, l’Afrique du Sud, la Tanzanie et la Tunisie.
Francis Gurry, directeur général de l’OMPI, a pour sa part, déclaré à SciDev.Net que de nombreuses innovations en matière de financement, de livraison de médicaments par drones, de nouvelles solutions de chauffage et de stockage d’énergie abondent en Afrique.
Le rapport montre que les communautés de base en Afrique subsaharienne appliquent des innovations simples pour améliorer leur production et leur utilisation de combustibles ligneux, de manière à répondre à leurs besoins pratiques, tout en relevant des défis de portée mondiale.
Selon Yogi Naik, directeur de la recherche et de l’innovation à l’Université nationale des sciences et de la technologie du Zimbabwe, l’Afrique a le potentiel de croître et de créer des emplois, si elle investit dans des innovations.
“Le plus grand problème auquel l’Afrique est confrontée est sa réticence à consacrer des budgets massifs au développement technologique et intelligent”, a déclaré Yogi Naik. “Le continent dispose d’un capital humain compétitif pour mener à bien des programmes d’innovation.”
Avec scidev