Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a appelé mercredi à l’unité lors de son discours programme annuel sur l’état de l’Union, assurant que l’UE survivrait au choc du Brexit. “Nous respectons la décision britannique tout en la déplorant, mais l’UE n’est pas menacée dans son existence par cette décision”, a déclaré Jean-Claude Juncker devant le Parlement européen, réuni en séance plénière à Strasbourg.
Il a dévoilé une série de mesures économiques ou liées à la sécurité en Europe, qu’il veut “concrètes”, visant à ressouder une Europe divisée, à deux jours d’un sommet de chefs d’Etat et de gouvernement à 27, sans le Royaume-Uni, vendredi à Bratislava.
“Il y a des fractures, des fissures, des fragmentations qui s’expriment parfois et cela fait le lit du populisme”, a estimé le dirigeant européen, dans son état des lieux. Mais “le populisme ne règle pas les problèmes, au contraire, le populisme apporte des problèmes, soyons en sûr”, a-t-il dit, déclenchant des applaudissements nourris des eurodéputés.Il a appelé le Royaume-Uni à demander “rapidement” sa sortie de l’UE, afin de “mettre un terme aux rumeurs et aux incertitudes”, plaidant pour une future “relation amicale” avec Londres mais dans le cadre de laquelle “le marché intérieur et la libre-circulation ne peuvent pas être à la carte”. Ce serait une “erreur fatale” de ne pas tirer les leçons du Brexit, avait d’ailleurs prévenu le président du Conseil de l’UE, Donald Tusk, pour qui le sommet de Bratislava, vendredi, constituera “un tournant décisif” quant à la protection des frontières extérieures européennes face aux inquiétudes nées de la crise migratoire.
Doubler les investissements
Jean-Claude Juncker a également plaidé pour une Europe plus sociale – contre le “dumping social” – et a promis de continuer à lutter contre le chômage. Même s’il s’est dit “pas un fanatique du libre-échange”, il a estimé qu’il fallait continuer de conclure des accords commerciaux avec des pays tiers, qui “nous apportent plus d’emplois”, alors que la négociation d’un accord de libre-échange avec les Etats-Unis semble dans l’impasse.
Sur le plan économique, il a aussi proposé de doubler la capacité du plan d’investissement qui porte son nom, lancé en 2014 pour stimuler la croissance. Nouvel objectif: 630 milliards d’euros dès 2022. Enfin, il a annoncé une réforme des télécoms que la Commission européenne détaillera dans l’après-midi.
Enfin, il a aussi évoqué un nouveau projet calqué sur ce “plan Juncker”, mais orienté vers des pays en développement, notamment africains, afin de travailler sur les racines des migrations. Le chef de l’exécutif européen abordera les plans de Bruxelles en matière de sécurité et de défense, un des sujets majeurs du sommet de Bratislava. Veste à l’épaule, chemise blanche et cravate bleue, Jean-Claude Juncker est arrivé dans l’hémicycle strasbourgeois une vingtaine de minutes avant son discours.
M. Juncker est par ailleurs attendu par les députés sur la grande affaire de la rentrée: l’évasion fiscale, à la suite de la retentissante décision de la Commission qui a contraint le géant américain Apple à rembourser à l’Irlande 13 milliards d’euros d'”avantages fiscaux indus”, assimilés à des aides d’Etat.
“Nous avons vu la Commission sous son meilleur visage”, s’est réjoui ainsi Philippe Lamberts, co-président du groupe des Verts. “C’est l’Europe que veulent les citoyens”, a renchéri le socialiste Gianni Pittella, “celle qui peut récupérer leur confiance.”
Face aux messages d’unité que veut lancer la Commission, les divisions européennes restent cependant une réalité, illustrée encore mardi par l’appel du chef de la diplomatie luxembourgeoise, Jean Asselborn, à exclure la Hongrie de l’UE pour violation de ses valeurs fondamentales.
avec lefigaro