Alors que la consommation de bière en canettes ne cesse de gagner du terrain en Amérique du Nord, les producteurs canadiens de bière doivent non seulement payer leurs contenants plus cher en raison de la hausse des taxes sur l’aluminium, mais ils ont dû faire face à des ruptures d’approvisionnement.
Les brasseurs artisanaux canadiens sont sous pression. “Les temps sont très durs pour les brasseurs”, assure à l’AFP Luke Harford, président de l’association Bière Canada qui défend les intérêts des industriels du secteur. Aux taxes américaines s’ajoutent la hausse des taxes sur la bière au Canada et la prochaine concurrence du cannabis, qui deviendra légal au Canada le 17 octobre. Les produits dérivés, comme les boissons à base de cannabis, suivront début 2019.
Alors que le Canada est le troisième plus gros producteur mondial d’aluminium, il doit importer plus de deux milliards de canettes de ce métal chaque année, principalement des Etats-Unis, selon les chiffres officiels du gouvernement. Ottawa a répliqué en imposant à son tour des taxes sur les importations de produits en aluminium en provenance des Etats-Unis. Résultat: les producteurs canadiens de bière ont non seulement payé leurs canettes plus cher, mais ils ont dû faire face à des ruptures d’approvisionnement.
Les fabricants de soda ont fait des stocks
Et ce au moment où la consommation de bière en canettes ne cesse de gagner du terrain en Amérique du Nord, et notamment au Canada où elle a progressé de 4,3% l’an dernier, contre un recul de 10,7% pour les bouteilles.
Selon Luke Harford, les fabricants de soda, eux aussi grands consommateurs de canettes en alu, ont commencé à faire des stocks dès que le Canada a annoncé, un mois à l’avance, qu’il allait durcir les taxes.
Les fabricants de canettes s’emploient à augmenter leur production mais de nombreux brasseurs artisanaux “qui ont du mal à boucler les fins de mois vont souffrir pendant ce temps”, prévient le président de Bière Canada.Paul Meek, propriétaire de la société Kichesippi Beer à Ottawa, explique de son côté que son stock de canettes sera épuisé d’ici la fin du mois. Son fournisseur américain vient de lui annoncer qu’il ne pourrait livrer les 160.000 boîtes prévues en août. “On nous a dit que la cargaison n’arriverait pas et ils ne savent pas quand on sera livrés”, s’inquiète-t-il. “Si on manque de canettes, qui représentent aujourd’hui plus de 50% de nos ventes, ce sera une très, très mauvaise année pour nous”.
Passer aux bouteilles en verre ne s’improvise pas
Le brasseur de l’Alberta GP Brewing Company a dû suspendre sa production pendant deux semaines en juillet à cause d’une pénurie de contenants en aluminium.
Mêmes difficultés pour le principal producteur de bière bio du pays, Beau’s Brewery, situé dans l’Ontario. Depuis l’an dernier, la société propose de la bière en canettes, qui représente déjà 30% de ses ventes.
Pourquoi ne pas revenir à la production de bière en bouteille? “Ce n’est pas si simple”, explique Paul Meek. La plupart des petits brasseurs ont soit une ligne de production de canette, soit une ligne de bouteilles en verre. En changer peut coûter jusqu’à 300.000 dollars canadiens (200.000 euros) et ne peut se faire du jour au lendemain, selon lui.
Luke Harford estime que l’augmentation de 10% des taxes sur les importations d’aluminium côté américain comme canadien, pourrait coûter plus de 10 millions de dollars canadiens à l’industrie brassicole de son pays.
Le Canada compte 817 brasseurs. Chaque Canadien a consommé en moyenne 75,5 litres de bière l’an dernier.
Avec bfm