Franchement, compte tenu du pédigrée du Président américain, on se demandait pourquoi il s’était limité à surtaxer à 10% les importations de produits chinois. Depuis cette nuit, quelques éléments d’explication sont apparus : pour garder des atouts dans sa manche quand viendrait le moment de forcer Pékin à s’assoir autour de la table.
Après avoir laissé filtrer hier que des pourparlers étaient en cours pour engager de nouvelles négociations, la Maison Blanche a, avec une subtilité discutable mais désormais habituelle, fait savoir qu’en cas d’échec des discussions, les produits chinois seraient taxés à 25% et non à 10%.
Une façon de tordre le bras des négociateurs chinois, déjà mis sous pression par l’accord de principe intervenu la semaine dernière entre les Etats-Unis et l’Union européenne en vue de remettre à plat les termes de leurs échanges commerciaux. On rappellera que Washington surtaxe depuis le 6 juillet 34 milliards de dollars de produits importés de Chine, qui doivent être complétés par 16 autres milliards. Faute de compromis entre les deux pays le 30 août prochain, les Etats-Unis frapperont 200 milliards de dollars de produits additionnels, tout en menaçant de dépasser le cap des 500 milliards de dollars si la Chine s’entête.
Vous trouverez à nouveau ci-dessus un tableau réalisé par l’Agence Fitch il y a quelques semaines, qui permet de bien visualiser la situation. Il montre en ordonnée les catégories sectorielles (nomenclature HTS) les plus pénalisées par les 34 milliards de dollars de droits de douane instaurés le 6 juillet par les Etats-Unis (en bleu) et ceux qui doivent l’être à l’avenir, en rouge pour les 16 milliards déjà programmés et en vert pour les 200 milliards de plus promis par Donald Trump. En abscisse, la valeur des biens concernés en milliards de dollars en 2017.
La vague initiale de surtaxes américaines, en bleu et en rouge, visait surtout les produits intermédiaires utilisés dans les secteurs des biens d’équipement et de la technologie, mais les 200 milliards de dollars additionnels ciblent davantage les biens de consommation. A l’inverse, la Chine a visé l’agriculture et le compartiment alimentaire. En cas d’escalade, les secteurs de l’industrie américaine les plus à risque sont les technologiques, l’aéronautique, les biens d’équipement, la production manufacturière intermédiaire et l’automobile, mais aussi plus généralement toutes les industries qui sont concernées par la courroie de transmission de la hausse des coûts de fourniture.
Washington devrait en dire plus d’ici 15h00 sur ses intentions et le fameux chiffre de 25%.
Avec ecodafrik