En Ukraine, ce week-end, on a célébré le baptême de la Rus’ de Kiev, cet Etat médiéval dans lequel aussi bien les Ukrainiens que les Russes revendiquent leurs origines. Le président Petro Porochenko a annoncé que pour la première fois depuis trois siècles, le Patriarcat de Constantinople soutenait la création d’une église orthodoxe ukrainienne autocéphale, c’est à dire indépendante du Patriacat de Moscou. Au-delà des considérations spirituelles, les autorités ukrainiennes considèrent cette évolution cruciale comme une mesure de protection de la sécurité nationale.
Il y a cinq ans, à l’occasion du 1025e anniversaire du baptême de la Rus’ de Kiev, Vladimir Poutine s’était rendu dans la capitale ukrainienne. Il avait alors plaidé pour l’unité des peuples frères russe et ukrainien. Ce fut sa dernière visite en Ukraine. Quelques mois plus tard, intervenait la révolution de Maïdan et l’annexion de la Crimée.
Depuis, l’Histoire s’est accélérée, et plus de 10 000 morts ont creusé un fossé psychologique inédit entre l’Ukraine et la Russie.
Ce samedi 28 juillet, Petro Porochenko a célébré à Kiev le 1030e anniversaire de l’évangélisation des terres ukrainiennes. Il a annoncé que Bartholomée, le Patriarche de Constantinople et chef spirituel des chrétiens orthodoxes dans le monde, soutenait la dynamique de création d’une Eglise ukrainienne unifiée. Soit séparée juridiquement du Patriarcat de Moscou.
Le chef de l’Etat ukrainien a donné une tonalité très politique à son intervention. Il a affirmé que la présence en Ukraine d’une Eglise orthodoxe russe, qui rassemble des millions de fidèles, constituait une menace à la sécurité nationale.
En Ukraine, beaucoup de responsables considèrent le Patriarcat de Moscou comme un relais politique du Kremlin. Petro Porochenko a appelé à « couper les tentacules » d’un Etat agresseur, qui opère au sein de la société ukrainienne, alors que depuis le début de la guerre du Donbass, le Patriarcat de Moscou perd en Ukraine un grand nombre de fidèles.
Si la Russie maintient encore une pression militaire constante sur l’Ukraine, elle perd du terrain sur le plan religieux.
Avec RFI