Son image se confond si bien avec le syndicalisme algérien des deux dernières décennies qu’on a du mal à parler du Conseil national des enseignants du supérieur (CNES) sans évoquer son nom.
Farid Cherbal a été de toutes les batailles des professeurs d’universités, depuis leur marche historique du 26 novembre 1991 jusqu’à leur participation active à la grève des fonctionnaires les 13 et 14 avril 2008. Né en 1955 à Hammam Guergour, dans la wilaya de Sétif (est), Farid Cherbal est titulaire d’un doctorat en neurobiologie, soutenu en 1997.
Il enseigne la génétique dans l’une des plus grandes universités algériennes, l’Université Houari Boumediène d’Alger, et est membre d’une unité de recherche sur le« cancer héréditaire du sein ». Importante figure des « syndicats autonomes »(indépendants de la principale centrale du pays, l’Union générale des travailleurs algériens), il est également l’un des principaux animateurs du Comité pour la défense des libertés syndicales, né dans le feu de violentes répressions contre les syndicats autonomes : « Notre cause ne peut être séparée de celle des libertés démocratiques. »
Rétif au vent de corporatisme qui a soufflé sur les universitaires à un moment où le « sauve-qui-peut libéral » était à la mode, Farid Cherbal estime que beaucoup de ses pairs sont revenus de leurs illusions corporatistes : leurs revendications ne peuvent être satisfaites que dans l’unité avec les autres salariés, notamment ceux de la fonction publique, et même avec les « sections combatives » d’une UGTA de plus en plus inféodée au gouvernement.
Farid Cherbal n’est pas pour autant un « agitateur professionnel », pour employer la langue policière. La cause syndicale est pour lui intimement liée à celle de la recherche scientifique : une augmentation du salaire de l’enseignant ou de ses indemnités lui permet tout simplement de mieux se consacrer à son laboratoire, au lieu de rechercher des sources de revenus complémentaires. « Nous avons un important potentiel scientifique : des dizaines d’universités et des centaines de milliers d’étudiants. Le budget consacré à l’enseignement supérieur et à la recherche scientifique a augmenté de 30% en 15 ans. Mais le gouvernement ne fait rien d’autre que la gestion bureaucratique des flux étudiants », regrette Farid Cherbal. Pour lui, la finalité de l’enseignement supérieur n’est pas, comme dans la vulgate libérale, de « servir les entreprises », mais de « servir la société et la cité ».
avec lesafriques