Le Zimbabwe est entré dans la dernière ligne droite avant la présidentielle prévue le 30 juillet. A moins de six jours du rendez-vous, petit passage en revue sur les grandes lignes de ce scrutin tant attendu.
C’est un scrutin qui pourrait entrer dans l’histoire du Zimbabwe. Un pays dont le passé électoral a été jalonné de fraudes, de violences et de controverses. En 2008, ces brutalités ont atteint un tel niveau qu’elles ont convaincu le chef du Mouvement pour un changement démocratique (MDC) Morgan Tsvangirai de renoncer au second tour de la présidentielle. Il était pourtant arrivé en tête du premier tour face à Robert Mugabe, maître à jouer du pays pendant 37 ans, jusqu‘à ce qu’il soit déposé par l’armée en novembre 2017.
Mais le climat est tout autre en 2018. La campagne électorale s’est jusque-là déroulée sans grand incident. Ce 30 juillet 2018, par ailleurs, Robert Mugabe ne figurera sur aucun bulletin de vote. Mais une vingtaine de candidats. Parmi eux, son ancien vice-président Emmerson Mnangagwa qui lui a succédé après le coup de force de l’armée, et le chef de l’opposition Nelson Chamisa qui a pu fédérer de “petits” partis d’opposition au sein d’une coalition.
Dissiper les doutes
Entre ces deux candidats, la concurrence reste rude. Selon un sondage publié en fin de semaine dernière par Afrobaromètre, Emmerson Mnangagwa ne distance le candidat de l’opposition que de trois points. Le premier étant crédité de 40 % des suffrages contre 37 % pour le second. Une tendance qui pourrait faire trembler le parti au pouvoir, la Zanu-PF, qui tient les rênes du pays depuis l’indépendance en 1980.
Alors que le présidet Emmerson Mnangagwa a promis des élections fiables, libres et transparentes, quelques événements ont fait ressurgir les craintes entretenues sous l’ancien régime. C’est notamment le cas du vote anticipé des forces de l’ordre à Bulawayo. L’opposition a dénoncé une manœuvre contraire à la transparence. Et pour cause, ce vote se serait déroulé clandestinement, loin des regards des représentants des différents partis politique et encore moins de la commission électorale.
Le fichier électoral s’est lui aussi trouvé controversé. Le 16 juillet, une équipe de bénévoles anonymes surnommée Team Pachedu (nous sommes là les uns pour les autres en Shona) a publié un rapport selon lequel plus de 250 000 noms figurant sur le fichier électoral sont faux, dupliqués, ou statistiquement improbables. Un rapport qui interroge d’autant que la Commission électorale a annoncé un enregistrement biométrique des électeurs (BVR, récemment employé au Kenya et au Nigeria) pour créer un tout nouveau registre des électeurs.
Autre polémique, la position du président Emmerson Mnangagwa sur le bulletin de vote. L’opposition regrette que la Commission électorale n’ait pas tenu compte de l’ordre alphabétique pour positionner les candidats. Au lieu de cela, le chef de l’Etat actuel figure en haut de la première colonne à droite. Une place jugée plus favorable pour le tenant du pouvoir.
La diaspora écartée du vote
Tout comme les bulletins de vote, les isoloirs font aussi l’objet de polémique. Les électeurs voteront, en effet, sous le regard des agents électoraux, au motif d’interdire les électeurs de prendre en photo leur bulletin après le vote, s’est défendu la Commission. Une mesure toutefois jugée en contradiction avec les standards internationaux auxquels est signataire le Zimbabwe.
Malgré tout, il est fort probable que ces élections battent le record de la participation tant les Zimbabwéens espèrent y voir une renouveau, tant politique, économique que social. Même si, pour l’heure, les citoyens installés dans la diaspora ne sont pas encore autorisés à voter. Les observateurs internationaux, eux, par contre, ont été invités à venir dire leur part de vérité sur ce scrutin qu’on pourrait qualifier de la renaissance.
Avec africanews