Nouvelle montée de fièvre dans le feuilleton où s’affrontent l’actuel et l’ancien régime en Angola. La richissime Isabel dos Santos (elle serait la femme la plus riche du continent africain) est encore une fois opposée au président Joao Lourenço, qui a annulé le contrat accordé à une de ses sociétés. Explications dans cet article.
C’est le mois dernier (en juin) que le président angolais publiait le décret de la discorde. L’homme fort de Luanda, successeur d’Eduardo dos Santos, annulait de ce fait un juteux marché accordé à Atlantic Ventures, une des sociétés de la milliardaire.
Motif avancé par l’administration Lourenço ? Atlantic Ventures est sanctionné pour “ne pas avoir respecté les dispositions légales” d’une loi sur les marchés publics. En d’autres termes, l’entreprise d’Isabel dos Santos (sur la photo) aurait obtenu ce marché sans être passée par la procédure d’appel d’offres.
Mais les reproches adressés à la société d’Isabel dos Santos ne s’arrêtent pas là ; aux dires du ministère angolais des Transports, Atlantic Ventures n’a “aucune expérience” en termes de construction, ajoutant au passage que le plan de financement du projet de ladite entreprise est “peu crédible”.
Dans un communiqué, Atlantic Ventures a sorti ses griffes, qualifiant la décision gouvernementale d’“expropriation”, non sans exiger le “paiement d’indemnités (…), ce qui implique des coûts supplémentaires pour l‘État et donc pour le contribuable”.
Atlantic Ventures avait pourtant obtenu ce marché tant convoité (la construction d’un port en eaux profondes à Barra do Dande, nord-ouest, le long de la côte Atlantique) en août de l’année dernière. C‘était à quelques semaines de la prise de fonction de l’actuel président.
Les choses étaient plutôt bien parties pour la société d’Isabel dos Santos. En effet, le gouvernement d’alors (qui était sous la direction de son père Eduardo dos Santos) avait émis une garantie d’Etat de 1,5 milliard de dollars. Le but ? Donner les armes nécessaires à Atlantic Ventures pour entamer les travaux le plus vite possible.
Chasse aux sorcières ?
Mais l’arrivée du nouveau pouvoir a tout changé et le rêve d’Isabel dos Santos est aujourd’hui rangé dans les profonds tiroirs de l’administration Lourenço, qui semble tout balayer autour d’elle, comme pour faire le ménage afin d’effacer toute influence des dos Santos. Et ce ne sont pas les exemples qui font défaut.
Isabel dos Santos a été débarquée de son prestigieux poste de PDG de la Sonangol (la compagnie pétrolière publique) par le président Lourenço. La milliardaire est aujourd’hui accusée d’avoir détourné des fonds.
Un des frères d’Isabel dos Santos, le dénommé José Filomeno dos Santos, s’est vu éjecter de la direction du fonds souverain de l’Angola. Ce fils de l’ancien président a ensuite été inculpé de détournement de fonds. Il lui est reproché d’avoir frauduleusement ordonné un énorme virement bancaire s‘élevant à 500 millions de dollars.
L’ex-président Eduardo dos Santos (membre du MPLA, parti à la tête du pays depuis son indépendance en 1975) a dirigé l’Angola sans partage pendant 38 ans. Durant son règne, l’ex-homme fort de Luanda avait mis l‘économie de son pays au service de ses proches. Venu au pouvoir en septembre 2017, Joao Lourenço, issu lui aussi du Mouvement populaire pour la libération de l’Angola (MPLA), promettait de remettre l‘économie de son pays sur les rails et d’en finir avec la corruption.
L’Angola et le Nigeria sont les plus gros producteurs de pétrole de l’Afrique subsaharienne. Mais le pays de Lourenço est paradoxalement l’un des plus pauvres au sud du Sahara et est, à l’instar des pays dont l‘économie repose essentiellement sur le pétrole, frappé par la rude crise due à la baisse des prix du brut.
Avec africanews