Certaines figures politiques nationales se disent prêtes à soutenir la politique du Renouveau. Portée par le ministre de l’Administration territoriale, l’initiative est soigneusement préparée depuis mars dernier.
Dans un hôtel de Yaoundé, le 20 juillet 2018, quelques personnalités politiques se revendiquant de l’opposition ont tourné casaque. Solennellement. Comme libérées de leurs fausses postures, elles ont donné le meilleur en choisissant clairement leur camp.
«Pour le moment, au regard des enjeux, en attendant que l’opposition camerounaise puisse proposer à son peuple une alternative structurée, nous disons que nous ne pouvons pas porter notre choix sur l’aventure », a expliqué Robert Bapooh Lipot, pour justifier l’élan de ce qui est, officiellement ou non, appelé «G20».
Dans ce groupe, l’on retrouve outre le député de l’Union des populations du Cameroun (UPC), l’avocat Jean de Dieu Momo (candidat à l’élection présidentielle de 2011), Joachim Tabi Owono, (président de l’Action pour la méritocratie et l’égalité des chances, Amec) et bien d’autres noms.
Aussi curieuse qu’elle est apparue, la cérémonie, de l’avis de quelques observateurs, ressemblait plus à un coup de semonce qu’à un coup d’envoi d’une nouvelle manière de faire de la politique. Loin d’être spontanée, l’opération est soigneusement calée depuis plusieurs semaines. «C’était juste la formalisation d’un scénario bien huilé depuis mars 2018, au lendemain des sénatoriales», souffle une source.
Acte 1
Le 04 avril 2018, deux proches de Paul Atanga Nji sont faits «chargés de mission». Le Minat leur recommande de saisir, au plus vite, les états-majors de quelques partis de l’opposition. Ces «envoyés spéciaux» doivent y faire tourner un appel à «répondre à la main tendue» par le parti de Paul Biya. La feuille de route est claire : procéder à une razzia dans les partis décapités de certains de leurs membres d’envergure, prêts à entériner sans rechigner les promesses du candidat Biya. Dans cette fourchette, apprend-on, l’UPC et le Cameroon People’s Party (CPP) de Kah Walla sont particulièrement visés.
Acte 2
15 mai 2018. Dans un hôtel de Douala, les mêmes émissaires de Paul Atanga Nji descendent. Avec leurs interlocuteurs du jour, ils embrayent sur un plaidoyer pour un pluralisme au sein de la majorité présidentielle. Ils réussissent à convaincre sur un objectif : créer de la diversité, des différences, le tout au nom de l’enjeu de la paix. Selon nos sources, l’option d’un «mandat impératif» est balayée par les «opposants». Les deux parties tablent sur une discipline de groupe, structurée autour de la surveillance des gestes des autres formations politiques et des dénonciations.
L’on assiste alors au «grand déballage ». Celui-ci est porté contre Peter Henry Barlerin. Par la grâce médiatique, l’ambassadeur des États-Unis près de la République du Cameroun est accusée d’avoir investi un pactole évalué à près de 03 milliards de francs CFA pour armer politiquement Maurice Kamto, Joshua Oshi et Akéré Muna. Au cours d’une édition de Scène de presse diffusée sur l’antenne télé de la CRTV (Cameroon radio television), Robert Bapooh Lipot jette le vrai-faux «scoop», bétonnant du coup la démarche de Paul Atanga Nji. L’information claire et nette.
Car ce dernier est occupé à deux choses : attiser les querelles de personnes et monter les ambitions au sein des écuries politiques pour tenter d’enfoncer par-là même, le dernier clou dans le cercueil des autres candidats à la présidentielle. Toujours par la grâce médiatique, la dimension idéologique qui fait l’identité de ceux-ci au sein de l’opinion est supposée perdre en pertinence. Et aux effectifs de ceux qui s’y référent de s’amoindrir, au profit de Paul Biya.
Acte 3
Paul Atanga Nji donne l’impression de se placer à la remorque de l’opposition, afin de surfer sur la vague de la présidentielle. Il tient là une opposition tribunitienne, pour laquelle il signe, le 18 juillet 2018, une décision pour désigner les «mandants officiels» du CPP, de l’UPC et du Manidem.
Dans les coulisses, instruction est donnée aux personnalités présentes sur la short-list de dessiner un bloc: celui du camp totalement acquis à Paul Biya. De sources concordantes, l’on obtient que la pratique renvoie à l’abécédaire politique mis en place à chaque présidentielle.
Avec camer.be