ALIMENTATION – En 2050, serons-nous tous végétariens ou du moins, flexitariens? Entre les nombreuses vidéos dévoilant les conditions d’abattage, les études montrant que l’élevage industriel joue un rôle de taille dans le réchauffement climatique, la consommation de viande est devenue un réel sujet de société.
C’est également l’un des enjeux de la bande dessinée numérique lancée le 1er juin par la chaire d’enseignement et de recherche ANCA (Aliments, Nutrition & Comportement Alimentaire), d’AgroParisTech en France, qui anticipe les trente prochaines années du point de vue de notre consommation alimentaire. Celle-ci s’intitule “Manger vers le futur”.
La question de la consommation de viande est centrale dans cette bande dessinée. Pour les experts en sociologie, environnement, spécialistes des élevages, qui ont participé au projet, il est évident que le système actuel a un impact trop négatif sur la planète pour qu’il puisse perdurer.
Alors, en 2050, comment consommerons-nous de la viande? Aurons-nous arrêté ou fortement diminué? L’aurons-nous remplacé par de la viande in vitro ou des insectes?
Objectif flexitarisme
“S’il est très peu probable de dire que nous serons tous végétariens en 2050, il est en revanche évident que la quantité de viande consommée va diminuer et qu’en ce sens, nous serons beaucoup plus flexitariens dans trente ans”, souligne Eric Birlouez, agronome et sociologue de l’alimentation, contacté par Le HuffPost. Même son de cloche chez Céline Laisney, experte en prospective et veille sur l’alimentation pour AlimAvenir, pour qui “le flexitarisme pourrait devenir le mode de consommation dominant en 2050″.
Les flexitariens caractérisent des personnes qui ne veulent pas arrêter de manger de viande mais qui souhaitent avoir une consommation plus raisonnable. Pas vraiment végétariens mais simplement soucieux d’une alimentation plus saine et plus écologique.
Les jeunes, notamment, sont de plus en plus sensibles à ce qu’ils consomment, que ce soit pour des raisons environnementales, de santé ou de bien-être animal. “Un mix de toutes ces raisons”, estime Eric Birlouez, pour qui nous chercherons avant tout à mieux consommer dans trente ans, c’est-à-dire de de la viande de meilleure qualité, abattue dans de meilleures conditions. Malgré tout, aussi bonnes que puissent être les raisons de modifier sa consommation de viande, elles ne rendront pas les Français végétariens, notamment car la culture alimentaire de la viande est profondément enracinée dans le pays (d’où, entre autres, le succès des “simili-carnés”, les substituts de viande).
Pour Céline Laisney, l’évolution de notre consommation de viande dépendra avant tout des réponses apportées aux critiques actuelles, sur les conditions d’élevage par exemple. “Si les questions de bien-être animal et d’environnement sont mieux prises en compte, comme certaines initiatives le laissent envisager, la viande ne sera pas forcément diabolisée. En revanche, si les scandales se multiplient, on pourrait assister à un rejet de la part des consommateurs qui se tournent d’ores et déjà vers les alternatives, d’autant que celles-ci deviennent de plus en plus réalistes (faux steak saignant, etc.)”, explique-t-elle.
Avec weforum