Les soubresauts de la crise politique togolaise qui se succèdent depuis plusieurs dizaines d’années se ressemblent à l’exception de celle en cours dont l’ampleur a été minimisée par le pouvoir de Lomé à ses débuts. Tout comme une petite étincelle banalisée sur un tas de paille sèche, le mouvement de contestation du long règne du système RPT-UNIR, à l’image d’un petit feu, a pris une tournure inextinguible alors que ceux qui sont censés l’éteindre se disaient: « C’est un vent, ça va bientôt passer, comme cela a toujours été le cas..»
»Le PNP c’est qui? » se demandait la forteresse de l’empire qui se donnait un air apparemment imperturbable. Tikpi ATCHADAM, le patron du PNP (Parti National Panafricain) recevra, suite à son appel, une réponse favorable de ses voisins de l’opposition quelques jours après le déclenchement par son parti des hostilités nouvelles et particulières. Il se forma sans tarder une Coalition de 14 partis politiques de l’opposition pour fédérer les énergies.
La mobilisation monstre du peuple au fil des jours a fini par ébranler la quiétude du règne du prince. Jusque-là, le régime contesté, confiant de sa puissance et ses méthodes habituelles, avait encore foi en sa capacité d’étouffer ce qu’il considérait encore comme des velléités d’une opposition adepte des combats jamais gagnés et toujours inachevés. En lieu et place d’une approche de solution à la crise, le système RPT-UNIR a plutôt mis en branle tout une série de méthodes pour asphyxier le mouvement de contestation parce que, dit-il, cela a toujours marché. À la place du peuple dépassé par un demi-siècle de système politique routinier et calamiteux, l’œil du pouvoir en place ne voyait que la personne des leaders. La myopie était aveuglante et l’agnosie incurable. La surestimation de soi et de sa force a pris le pas sur l’humilité et la recherche d’une solution intelligente et sage.
Le difficile appel au dialogue s’était fait rien que sur le bout des lèvres. Le plan échafaudé était le même que ce qu’on a toujours connu: créer un cadre de dialogue de sourds et passer aux élections gagnées d’avance et sans réformes après le blocage artificiel programmé. Mais le contrôle de la situation a cette fois-ci échappé aux artisans du plan habituel que certains s’amusent à appeler ANAGO PLAN. Conséquence, la CEDEAO, actuellement appuyée par la France, prend la commande de la médiation dont la sentence est attendue le 31 juillet.
La candidature de Faure en 2020, chose pas très sûre
Au fur et à mesure qu’on s’approche du 31 juillet, les indiscrétions nous situent de mieux en mieux sur le dénouement prochain du vrai problème togolais : la question de la candidature de Faure Gnassingbé à la présidentielle de 2020.
En effet, les sources proches des coulisses de la CEDEAO indiquent que tout est fin prêt pour amener Faure Gnassingbé à renoncer de son gré à sa candidature au scrutin présidentiel de 2020. La seule question épineuse qui reste posée est celle des garanties et du statut qu’il faut à sa personne après 2020. Mais au-delà, il se pose également le sort à réserver aux personnalités de son entourage qui craignent d’être abandonnées toutes seules. Sur ces deux questions, le cercle des décideurs de la CEDEAO ne trouve pas d’inconvénient et est prêt à tout mettre en œuvre pour le retrait en douce du fils du Général Eyadema de la présidence, sauf revirement de situation provenant du président togolais à la dernière minute.
Mais avant d’en arriver là, le président ivoirien était soupçonné d’apporter son soutien à son homologue togolais quant à sa volonté de briguer un quatrième mandat contre vents et marées. À l’origine, était sa déclaration de briguer lui aussi un troisième mandat en Côte d’Ivoire au moment où la CEDEAO se bat à finir avec la prolongation des mandats au Togo et dans l’espace CEDEAO. Cette triste sortie de Ouattara il y a quelques semaines a été mal accueillie auprès des autres chefs d’État de la CEDEAO. Et pour démontrer qu’il ne soutient pas Faure Gnassingbé, Alassane Ouattara a dû faire une nouvelle sortie cette semaine pour déclarer publiquement qu’il renonce à sa volonté de se présenter à la présidentielle de 2020 dans son pays, ce qui devrait amener Faure aussi à en faire autant.
Cette situation bien embarrassante dans le camp d’UNIR explique le refus de ces hauts cadres de s’exprimer devant la presse et sur les médias ces derniers jours et même après la rencontre de ce jeudi avec les émissaires de la CEDEAO.
Que cache l’import de la CEMAC dans la capitale togolaise ?
La CEMAC par définition est la Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale. Mais pour une des rares fois, cette organisation de l’Afrique centrale est invitée à Lomé en Afrique de l’Ouest et encore le 30 juillet à la veille du sommet de la CEDEAO qui va consacrer l’essentiel de ses travaux à la crise togolaise. Que cherchent donc les chefs d’État de l’Afrique Centrale dans la capitale togolaise au moment où la CEDEAO se concentre sur la feuille de route pour sortir le Togo de la crise ?
Se demande-t-on. D’après nos recoupements, cette invitation des dictateurs de l’Afrique centrale (Sassou N’Guesso, Paul Biya, Joseph Kabila, Bongo Odimba…) a pour objectif inavoué de vouloir influencer la décision de la CEDEAO en faveur de Faure Gnassingbé qui cherche, à défaut de s’accrocher au pouvoir, à se faire succéder par l’un des siens dans UNIR avec la bénédiction de ses pairs. Pour l’instant, celui qui a remué ciel et terre pour déplacer les chefs d’État de la CEMAC détient à lui seul d’autres détails imprévisibles qui se cachent derrière cette initiative.
Seulement, des informations sûres indiquent que quelques Chefs d’État de la CEDEAO menacent déjà de boycotter le sommet du 31 juillet si une autre date en dehors du 30 juillet n’est pas trouvée pour les travaux avec la CEMAC car beaucoup se posent des questions sur cette curieuse arrivée des dinosaures de l’Afrique centrale à la veille d’un sommet de la CEDEAO aussi décisive que délicate.
Les jours à venir nous situeront davantage sur ce que nous réservent les 30 et 31 juillet 2018.
Avec togoweb