La 25ème édition des assemblées générales annuelles d’Afreximbank qui s’est tenue à Abuja au Nigeria du 11 au 14 juillet étaient riches en concrétisations. Entre les nouveaux engagements de cette banque panafricaine pour le commerce intra-africain et les deals des grands groupes du Continent, retour sur les grandes lignes de cet événement annuel qui a réunis plus de 2500 participants venus de 60 pays dont des chefs d’Etat, des leaders politiques et du monde des affaires.
1980,6 millions de dollars. C’est exactement la somme débloquée par la Banque africaine d’Import-Export (Afreximbank) -lors de ses 25ème assemblées générales annuelles qui se sont tenues à Abuja du 11 au 14 juillet- en appui financier aux institutions et entreprises africaines, afin de poser les jalons de la Zone de libre-échange continentale (ZLEC) qui était au cœur de cette grande messe du commerce intra-africain.
Dangote, BOI, et BDEAC, les grands bénéficiaires
Pour soutenir l’industrialisation du continent, la banque panafricaine basée au Caire a délivré un prêt de 650 millions de dollars à l’homme le plus riche d’Afrique, Aliko Dangote, qui servirait à financer son projet de raffinerie de pétrole au Nigeria -pour rappel un projet d’un coût de 10 milliards de dollars dont l’achèvement est prévu en 2019 et qui devrait bénéficier de l’apport de plusieurs autres institutions. Un accord a été signé dans ce sens entre le milliardaire nigérian et Afreximbank samedi dernier.
Egalement engagé dans une volonté de voir toutes les sous-région du Continent suivre la dynamique d’éclosion économique en cours, Afreximbank a signé avec la Banque de développement des Etats d’Afrique Centrale (BDEAC) un accord de cofinancement de 500 millions d’euros, soit 580,6 millions de dollars. Objectif : aider la sous-région à « rattraper ses retards par rapport au reste du Continent », pour emprunter les mots du patron de la BDEAC, l’équato-guinéen, Fortunato Ofa Mbo Nchama.
Pour le pays hôte de ces AG, Afreximbank a débloqué 750 millions d’euros au bénéficie de la Banque de l’Industrie (BOI) du Nigeria. Une enveloppe qui devrait servir à concrétiser les projets de la première économie d’Afrique de l’Ouest dans le domaine de l’industrie. Selon Dr Oramah, cet appui financier est le plus important jamais reçu par cette institution nigériane.
Le déblocage de ces enveloppes représente en effet une étape dans le programme de décaissement de 25 milliards de dollars d’ici 2021 par Afreximbank, lequel vise à stimuler le commerce intra et extra-africain et dont seront bénéficiaires plusieurs autres institutions et entreprises.
Les sociétés d’affacturage subventionnées
L’autre soutien financier très concret est destiné aux nouvelles sociétés d’affacturage en Afrique. Il s’agit d’une subvention de 500 000 dollars débloquée par la Banque africaine de développement (BAD) via son Fond d’appui au secteur privé, et qui a fait l’objet d’un accord avec Afreximbank signé samedi 14 juillet. Le but est de permettre à ces entreprises de saisir les opportunités qui leur permettront d’accélérer leur croissance.
Mansa, un pas des plus décisifs
Au-delà de ces appuis aux organisations et entreprises, l’une des concrétisations phares d’Afreximbank lors de ces 25ème AG est certainement le lancement de la plateforme numérique du commerce intra-africain baptisée Mansa. Véritable innovation, cette plateforme a vocation d’être l’outil de référence du monde africain des affaires pour avoir des informations sur les entreprises africaines.
Une plateforme de paiement en ligne à venir
Actuellement, Afreximbank travaille sur un projet de création d’une plateforme de paiement en ligne via laquelle entreprises, banques, PME et grands groupes pourront gérées leurs affaires commerciales à travers le continent en toute rapidité et sécurité.
« Nous sommes passionnés de faire une réelle différence dans le progrès de notre continent. Le commerce est un catalyseur essentiel de la transformation économique et nous continuerons d’intervenir, d’innover et de collaborer avec tous nos intervenants afin de remplir votre mandat d’accélérer et de diversifier le commerce. Que ce soit par le financement du commerce ou la facilitation, nous nous engageons à transformer le commerce de l’Afrique », a déclaré Dr Bénédict Oramah dans son discours de clôture.
Fibre optique, un deal pour l’avenir du Continent
Pour aller toujours dans le sens d’une Afrique qui échange en son sein, ces AG d’Afreximbank ont été marquées par le deal d’Econet et Telecom Egypt qui se sont associés pour créer le premier réseau de fibre optique en Afrique, pour lequel le milliardaire zimbabwéen Strive Masiyiwa a expressément fait le déplacement à Abuja. Véritable passerelle aussi pour Telecom Egypt qui est actuellement sur une stratégie d’expansion à travers le Continent, ce réseau est considéré par les protagonistes comme l’une des pierres angulaires de l’Afrique dans l’édifice que représente la 4è révolution industrielle actuellement en marche.
Kemi Adeosun, nouvelle présidente des AG
L’assemblée général des actionnaires d’Afreximabank qui s’est tenue à huit clos samedi a donné lieu à de nouvelle disposition, dont la nomination d’un nouveau président des AG. Le ministre des Finances du Rwanda, Ndagijimana Uzziel, -qui a également représenté le président Paul Kagamé à cette grande messe du commerce africain- a ainsi passé le témoin à Kemi Adeosun, ministre des Finances du Nigeria. Elle assurera ce rôle pendant un an et passera le témoin à son tour aux AG de 2019 qui se tiendront en Russie.
« Le choix du pays hôte est fait sur la base des requêtes émises en Assemblées générales des actionnaires. Cette édition est organisée au Nigeria parce que le Nigeria avait demandé à l’accueillir. Pour l’année prochaine, la Russie en a fait la demande et cela lui a été accordé », a expliqué aux journalistes Obi Emekekwue, responsable mondial de la communication et des événements d’Afreximbank.
Généralement organisées en début d’été, la 26ème édition des AG d’Afreximbank devrait à priori évaluer les premiers mois d’effectivité de la ZLEC, puisque l’entrée en vigueur de l’accord est prévue en janvier 2019. Après les exhortations du président sud-africain, Cyril Ramaphosa, en ouverture de cette grande messe du commerce, le président nigérian, Muhammadu Buhari, s’est engagé à signer « bientôt ».
Clôturant cette rencontre inédite en terre nigériane, le locataire de la State House d’Abuja -rappelant l’identité commerciale de son pays- a reconnu : « aucune nation ne peut survivre seule ».
Avec latribuneafrique