Le président de la FENAPROCO-CI , M. DIARASSOUBA Aboudramane ‘‘Abou Cola’’, présente son interprofession dans cette interview et revient sur les difficultés qui minent la Filière Cola.
Avant de nous faire l’état des lieux de votre filière, dites-nous depuis combien d’années vous travaillez dans le secteur de la cola ?
Je travaille dans le secteur de la cola depuis mon jeune âge. Mon grand père était producteur de cola. Mon père aussi. Enfant, j’ai commencé à travailler avec lui dans ses plantations. Puis au moment d’aller à l’école, j’ai arrêté avant de reprendre plus tard, en 2002. Depuis lors, je me suis professionnalisé dans la cola. De la production à la commercialisation, je me suis évertué à connaître toute la chaîne pour mieux maîtriser ce secteur dans lequel mes parents, à cause de leur ignorance, ont été beaucoup grugés.
Comment est organisé le secteur de la cola ?
Vous savez, un secteur d’activité, quel qu’il soit, doit être organisé pour avancer. C’est pour cela que tous les acteurs de la cola ont décidé de se mettre ensemble pour ne pas subir les tracasseries que nos parents ont connu. On est donc organisé par groupes d’acteurs suivant les maillons de la filière. Il y a d’abord le groupe des planteurs, ensuite celui des commerçants puis après celui des exportateurs. C’est aussi à ce prix que les jeunes et tous ceux qui veulent investir dans le domaine agricole pourront s’intéresser à ce secteur. Les gens ne savent pas que la cola nourrit son homme. Elle intervient dans tout ce que nous faisons.
Comment se porte la filière ?
Globalement, la filière se porte bien. De 2005 à 2009, nous avons réalisé près de 100 000 tonnes par an à l’exportation. Cette année, c’est l’insécurité au nord du Nigéria qui a joué en notre défaveur. Le Nigéria est le premier consommateur de cola. Vient ensuite le Burkina Faso. A cause de la situation d’insécurité au nord du Nigéria, la demande a chuté à 70 000 tonnes par an à l’exportation.
Quelles sont vos performances à l’hectare ?
Avec la nouvelle variété, nous produisons 10 tonnes en moyenne, à l’hectare. Quand ça ne marche pas, c’est au moins 7 tonnes qui sortent à l’hectare. En plus, la cola n’a pas de saison. C’est trimestriel. Chaque trois mois, la cola produit. Comprenez donc que nos familles mangent tous les jours.
Quels sont les prix appliqués au niveau de la vente ?
De 2005 à 2012, le kg était à 1300F CFA. En 2013, avec la crise au Nigéria, le kg est descendu à 600F FCFA. Il faut savoir que la cola se vend au détail en Côte d’Ivoire. Mais au niveau de la CEDEAO, la cola est payée par tonnage. Au Sénégal par exemple, tous les commerçants viennent se ravitailler à Dakar. DIARRASSOUBA Aboudramane dit « ABOU Cola » Président de la FENAPROCO-CI (Fédération Nationale des Professionnels de la Cola en Côte d’Ivoire) DIARRASSOUBA Aboudramane « La cola nourrit son homme » Le président de la FENAPROCO-CI , M. DIARASSOUBA Aboudramane ‘‘Abou Cola’’, présente son interprofession dans cette interview et revient sur les difficultés qui minent la Filière Cola. A LA UNE La Filière Cola 4ème trimestre 2013 11 C’est comme cela, dans tous les pays importateurs de cola, il y a des grands points de vente où on vient se ravitailler.
Quels sont vos clients ?
Le Nigéria avec ses 160 millions d’habitants constitue le plus grand importateur de cola. C’est notre premier client. Ensuite viennent, le Burkina Faso, le Tchad, la France, l’Allemagne, l’Arabie Saoudite qui passe par le Nigéria. On souhaite d’ailleurs que l’Etat nous aide à établir des relations directes avec l’Arabie Saoudite afin de vendre sans intermédiaire notre cola à ce pays.
Quelles sont les différentes qualités de cola que vous vendez ?
Il n’y a que deux qualités de cola : la cola rouge et la cola blanche.
Apparemment, les choses marchent assez bien dans votre filière. Mais vous êtes certainement confrontés à plusieurs difficultés. Quelles sontelles ?
Effectivement, la filière de la cola fonctionne assez bien. Mais ce n’est pas sans compter avec les nombreux problèmes auxquels nous sommes confrontés. C’est pourquoi nous disons qu’il faut que les tracasseries routières cessent. On souffre trop sur les routes, notamment avec certains agents des forces de l’ordre. Nous estimons qu’ils ne doivent pas constituer un frein à la commercialisation de la cola, qui est un produit agricole comme tout autre. Par exemple, un seul chargement pour le Nigéria nous coûte 310 000 FCFA sans le transitaire et la TVA. En ajoutant ces frais, le chargement nous revient à un peu plus de 400 000 FCFA. Il y a également de nombreuses personnes qui interviennent dans la filière. Nous avons des milliers de pisteurs (qui vont acheter la cola en brousse) et de commerçants. Mais nous ne cotisons pas. Ailleurs, il y a des prélèvements qui se font. C’est pourquoi, ici, nous voulons aller à la cotisation volontaire pour avoir de l’aide auprès des bailleurs de fonds afin de pouvoir venir en aide aux producteurs et aux commer- çants. Sachez que nous avons autour de 160 magasins de cola à travers le pays.
A vous entendre, vous avez encore beaucoup de défis à relever. Qu’attendez-vous de l’Etat ?
On attend beaucoup de l’Etat. Nous voulons que les producteurs soient financés afin d’augmenter la production. Que l’Etat sensibilise les jeunes pour qu’ils s’intéressent à la cola. Il y a du travail dans le secteur. Ils peuvent être par exemple des pisteurs… Aussi, que l’Etat pense, avec le Ministère de l’Intégration, à décorer les acteurs de la cola. Les autres filières sont toujours à l’honneur. Mais jamais, on n’a fait un clin d’œil à la Filière Cola alors que la cola est au centre de l’intégration sous-régionale et aussi le centre de notre culture avec entre autre les mariages. Que l’Etat aide aussi nos chercheurs car nous voulons d’autres variétés pour produire plus à l’hectare. Je l’ai dit, nous voulons aller à la cotisation, que l’Etat nous aide à y arriver. On attend toujours le décret. Votre mot de fin ? Nous souhaitons que les medias s’intéressent à nous. Parce que sans les médias, on ne peut pas avancer. Nous tenons également à remercier le FIRCA pour son appui constant depuis 2009.