Au Cameroun, 8 954 indices de vulnérabilité ont été détectés suite à l’audition de 74 organisations publiques et privées sur leur exposition à la cybercriminalité. Le constat est établi par l’Agence nationale des technologies de l’information et de la communication (Antic).
Il ne serait ainsi pas trop compliqué d’attaquer le pays via Internet ou de pirater les systèmes d’information électroniques des administrations et des entreprises. Une situation à propos de laquelle des sociétés américaines spécialisées dans la cyber sécurité tirent la sonnette d’alarme en organisant une conférence ce 6 septembre 2016. Le timing est bien mesuré, car ces entreprises, réunies au sein du consortium ATR Cyber, entrent sur le marché africain par le Cameroun où elles sont déjà installées. D’autres pays sont d’ailleurs en vue, en l’occurrence le Bénin, la Côte d’Ivoire et la Guinée.
Il fallait donc refaire le diagnostic du Cameroun avec les différents partenaires publics, notamment le ministère des Postes et Télécommunications ainsi que l’Antic qui est l’organe de régulation des activités de sécurité électronique. C’est au régulateur qu’il est revenu de présenter les limites du système de défense national face aux cyber-attaques. De ses propos, on apprend que la réglementation camerounaise demeure incomplète. En effet, l’Antic n’a toujours pas le pouvoir de sanctionner alors qu’elle doit remplir des missions de régulation.
Il manque aussi un cadre légal de protection des données personnelles. Pourtant dans le monde, 53% des attaques cybercriminelles portent sur le vol d’identité. Par ailleurs, il manque une plateforme de collaboration entre les différentes entités engagées dans la lutte contre la cybercriminalité (l’Antic, l’armée, la délégation générale à la Sûreté nationale et le ministère des Postes et Télécommunications).
Face à la menace, le consortium ATR Cyber propose des solutions pour endiguer les risques existants, et prévenir les problèmes qui se poseront certainement à l’avenir. Plusieurs logiciels malveillants sont en circulation, près de 100 000 étant fabriqués dans le monde chaque mois. Un seul de ces logiciels peut pirater les données d’un ordinateur et même l’ensemble d’une base de données. Du coup, la menace d’un péril plane sur le système d’information des entreprises voire de l’Etat. Dans ce cas, la confidentialité ne sera plus assurée, les pirates pouvant prendre le contrôle des informations en circulation.
Le Cameroun n’est donc manifestement pas à l’abri dans un monde où 16 données sont volées par seconde. L’Antic rappelle d’ailleurs que 90% des logiciels et systèmes d’exploitation utilisés au Cameroun sont piratés. Il est également fréquent que soient piratés des adresses mail et des comptes sur les réseaux sociaux, même ceux appartenant à des membres du gouvernement.
La fraude sur les appels téléphoniques a également fait son lit au Cameroun. En 2015, le secteur de la téléphonie mobile déplorait une perte de 18 milliards F.Cfa chez les opérateurs ; quatre autres milliards ayant échappé aux caisses de l’Etat. Selon un rapport de la Commission nationale anti-corruption en date de 2014, la cybercriminalité a coûté au Cameroun 3,5 milliards F.Cfa entre novembre et décembre 2013.
Avec agenceecofin