On entend parler ces jours-ci de la Réunification des deux Camerouns (français et anglais) Mais en réalité, il n y a jamais eu de Réunification entre les deux Camerouns mais annexion voire colonisation par la République du Cameroun (ex-Cameroun oriental sous mandat français) du Southern Cameroon, aujourd’hui divisé en région du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.
En tant que territoire sous tutelle des Nations Unies, le Southern Cameroon méritait d’accéder à l’indépendance totale comme le prévoyait l’article 76 (b) de la Charte des Nations Unies ainsi que la résolution 1514 du 14 décembre 1960. Lors de la conférence pré-plébisicite de Mamfe en août 1959, ce fût d’ailleurs le vœu des populations du Southern Cameroon qui, à 67% de ses délégués, avaient décidé qu’à l’ONU, il leur soit posé deux questions : voulez-vous intégrer le Nigéria ou alors faire sécession d’avec le Nigéria et créer un Etat ?
Mais lors de la 896e Assemblée Générale des Nations Unies le 16 octobre 1959, l’ONU et l’Angleterre ont introduit la question de la Réunification avec le Cameroun et écarté l’option de l’indépendance totale contre la volonté populaire. Raison avancée par l’ONU et l’Angleterre : le Southern Cameroon n’était pas économiquement viable. Pourtant, le rapport financier de septembre 1954 adressé
au Conseil de tutelle des Nations Unies attestait de tout le contraire.
Après le plébiscite du 11 février 1961 à l’issue duquel le Southern Cameroon a choisi le rattachement à la République du Cameroun (contre la volonté de ses population), l’ONU vote la résolution 1608 le 21 avril 1961 qui recommande des pourparlers entre les gouvernements des deux Camerouns et l’Angleterre (devant aboutir à un accord tripartite de l’union déposé aux Nations Unies) en vue de définir des politiques concertées et déclarées.
Or à la conférence de Foumban en juillet 1961, au lieu d’un accord de l’Union des deux Camerouns, au lieu des « politiques concertées et déclarées », au lieu d’un pouvoir constituant originaire devant élaborer une nouvelle constitution fédérale, Amadou Ahidjo et ses constitutionnalistes français ont élaboré un projet de loi modifiant la constitution de la République du Cameroun français (indépendant et reconnu aux Nations Unies comme Etat depuis 1960) pour le soumettre aux autorités élues démocratiquement du Southern Cameroon, un Etat (du moins un quasi-Etat) voisin. PREMIER ELEMENT D’ANNEXION
Sans soumettre ce projet de loi au parlement du Southern Cameroon, Ahidjo a fait adopter cela par l’Assemblée Nationale de la République du Cameroun français et l’a signé tout seul le 1er septembre 1961. Avant la fin de la tutelle de l’ONU au Southern Cameroon le 1er octobre 1961, Ahidjo avait déjà déployé sa police, sa gendarmerie et son armée sur ce territoire. DEUXIEME ELEMENT D’ANNEXION.
Après la soi-disant Réunification le 1er octobre 1961, Ahidjo nomme un inspecteur fédéral au Southern Cameroon (devenu West Cameroon) qui est au-dessus du Premier Ministre élu sur ce territoire. 3e ELEMENT D’ANNEXATION. En mai 1972, à coup de chantages, de menaces et de répression, Ahidjo impose un Etat unitaire aux Southern Cameroonians après avoir organisé un référendum anti-constitutionnel et frauduleux. Par la suite, il divise ce territoire en 2 régions du Cameroun. QUATRIEME ELEMENT D’ANNEXION.
Quelques mois après son arrivée au pouvoir, Paul Biya fait modifier la constitution faisant passer le Cameroun de « République Unie » à « La République du Cameroun », ancienne appellation du Cameroun français indépendant. Ex-territoire sous tutelle des Nations Unies destiné à l’indépendance, le Southern Cameroon est devenu une région de la République du Cameroun. CINQUIEME ELEMENT D’ANNEXION.
Il ressort des faits ci-dessus que le Southern Cameroon n’est pas d’origine et de droit une région de la République du Cameroun français mais un ex-territoire sous tutelle des Nations Unies destiné à être totalement indépendant qui a été annexé par la République du Cameroun français d’Ahidjo et Biya qui, de façon arbitraire, en ont fait des régions du Cameroun. Malgré la frontière internationale qui sépare les deux Camerouns depuis 1917.
C’est pourquoi les ressortissants du Southern Cameroon ne se battent pas pour faire sécession de la République du Cameroun. Ils revendiquent la libération de leur territoire par La République du Cameroun puis leur indépendance totale que leur confère la Charte des Nations Unies en tant que peuple d’un ex-territoire sous sa tutelle. Encore qu’il n’existe aucun traité de l’Union entre les deux Camerouns. Ils veulent vivre sur un territoire où ils disposent d’eux-mêmes, où ils élisent leurs dirigeants, où ils parlent leur langue dans l’administration que d’être contraints de parler celle d’un autre territoire.